"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En 1724, Nancy Kington, jeune fille de 17 ans, écrit le récit de ses aventures de pirate à bord du navire qui la ramène en Angleterre.
Nancy est un garçon manqué qui rêve d'aventure en lisant des récits de pirates et de voyageurs. La mort de son père, ruiné par le naufrage de plusieurs de ses navires, bouleverse son existence : placée sous la tutelle de ses frères, elle part pour la Jamaïque. Invitée à dîner le soir de ses 16 ans, Nancy découvre que sa famille a arrangé son mariage avec Bartholomé le Brésilien. Prétextant une indisposition, elle rentre seule à la plantation. Son retour impromptu sauve Minerva, la jeune esclave avec laquelle elle s'était liée d'amitié, que Duke, le contremaître de la plantation, tentait de violer. Nancy abat l'homme d'un coup de pistolet.
Apprenant que le Brésilien la fait rechercher, Nancy et Minerva s'engagent alors sur le vaisseau pirate de Broom, dont Nancy avait fait la connaissance lors de son voyage pour la Jamaïque : elles devront s'habiller en hommes et se soumettre aux règlements du navire comme tous leurs compagnons.
De New York à Madagascar, en passant par Nassau, les deux jeunes filles connaîtront la vie trépidante des pirates : mutineries, rapt, capitaine sanguinaire. Á travers les aventures de Nancy et de Minerva, deux jeunes filles qui luttent contre les préjugés de leur époque pour conquérir leur liberté et s'accomplir, Journal d'une pirate dépeint l'apprentissage du courage, de la loyauté, de l'amitié et de l'amour.
Voilà une belle histoire qui fait frissonner, inquiète souvent, ramène parfois le sourire avant de sombrer à nouveau dans cette violence propre aux pirates mais Mémoires d’une pirate, de Celia Rees, traduite de l’anglais par Anne-Judith Descombey, est une roman jeunesse qui m’a captivé de bout en bout.
Avant de hisser les voiles, découvrons d’abord qui est l’héroïne qui nous fait part de ses Mémoires d’une pirate. Elle s’appelle Nancy Kington. Elle est la fille d’un marchand de Bristol, en Angleterre qui a fait fortune dans le commerce du sucre et… des esclaves. Comme elle l’annonce dans la préface, elle rédige ses mémoires afin de les confier à un certain Daniel Defoe pour qu’il l’insère dans son Histoire des plus fameux pirates.
Celle de Nancy Kington débute deux ans plus tôt, en 1722. Nancy n’a que 16 ans lorsqu’elle quitte l’Angleterre à bord du Sally-Anne en compagnie de son frère, Joseph, après la mort de leur père. Comme elle ne sait pas ce qui l’attend et qu’elle a le mal de mer, elle médite sur son passé après avoir fait allusion à un amoureux qui navigue déjà.
Il va falloir plusieurs chapitres pour arriver à ce que la vie de Nancy bascule du côté des hors-la-loi, ces fameux pirates.
Je découvre d’abord la vie d’une jeune fille, une sauvageonne, que sa belle-mère – sa mère est morte à sa naissance – veut rendre présentable car elle a décidé de la marier à un homme de la bonne société. Pourtant, Nancy aime William, le fils de sa nourrice, avec qui elle a beaucoup joué lorsqu’ils étaient enfants. Hélas, celui-ci part pour la Jamaïque, sur l’Amelia, un négrier appartenant au père de Nancy. Quand il revient, il raconte et réclame son argent pour s’engager dans la marine royale.
Celia Rees fournit un récit vivant, une excellente démonstration de la vie dans un port florissant, grâce au commerce des êtres humains. Cela entre en résonnance avec le fameux roman de Timothée de Fombelle, Alma.
À cela, s’ajoute la démonstration concrète du sort réservé aux filles avec la complicité des femmes. Pour les frères de Nancy, tout est prévu. Henry, l’aîné, sera négociant. Joseph sera planteur et Ned, le plus jeune, il s’engagera dans l’artillerie. Et Nancy ? Ben, rien, c’est une fille !
L’autrice, lors du retour de William, au cours d’un fameux bal, sait bien faire ressentir le plaisir éprouvé par deux êtres qui s’aiment lorsqu’ils se retrouvent et peuvent danser ensemble. Hélas, ou heureusement, une terrible tempête ravage l’Angleterre et le père de Nancy, avant de disparaître, est ruiné. On parle alors à Nancy d’un certain Bartholomé le Brésilien, richissime, qui ferait un bon parti.
C’est à la Jamaïque que Nancy se rend compte du sort réservé aux esclaves. Dans sa propriété de Fountainhead, elle est ulcérée par le comportement odieux de Duke, le régisseur. C’est là que la vie de notre héroïne commence à basculer avec Phillis et Minerva, sa fille, deux esclaves affectées à son service.
Les événements se précipitent jusqu’à ce que Nancy se retrouve enrôlée par les pirates avec Minerva, devenue sa sœur de cœur. Le récit est bien conduit. Nancy s’exprime, raconte ses aventures en détail, fait découvrir la vie et les rituels des pirates, les deux filles s’habillant en hommes, réussissant à préserver un peu d’intimité à bord.
Tempêtes, abordages, menaces terribles, violence à bord du bateau et en dehors, l’angoisse peut monter au maximum mais l’autrice sait parfaitement ramener le calme et conduire les mémoires de Nancy à leur terme.
Mais, tout au long de son récit plane une menace terrible, menace qu’elle réussit à oublier mais qu’un cauchemar récurrent se charge de lui rappeler.
Est-ce que Nancy et Minerva réussiront à trouver paix et bonheur au bout de ces années pleines d’aventures ? Pour le savoir, il faut lire Mémoires d’une pirate, roman que j’ai pu apprécier grâce à Babelio et aux éditions du Seuil que je remercie. Cela m’a permis de voguer de la Jamaïque à Baltimore puis près des côtes africaines et à Madagascar aux côtés d’une Nancy et d’une Minerva fort courageuses et qui n’ont pas côtoyé que des crapules mais quelques hommes honnêtes et désintéressés qui les ont aidées à gagner leur indépendance.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/12/celia-rees-memoires-d-une-pirate.html
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !