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Le thème de l'arbre a accompagné Matisse pendant toute sa carrière. Il y revient à des périodes d'évolution dans ses recherches picturales, chaque fois qu'il veut retrouver une certaine solidité ou des certitudes qui prennent leurs racines dans une tradition picturale ancestrale : Cézanne, Poussin, les artistes chinois. Il en va ainsi dès son séjour corse puis toulousain, premier contact avec le Sud, qui lui apporte en 1898 la révélation de la couleur et lui donne la liberté nécessaire pour générer sa première révolution artistique. A Paris, au bord de l'Oise puis à Saint-Tropez ensuite, l'arbre servira à structurer le paysage et posera à nouveau la correspondance avec Cézanne.
Autour des années 1915, Matisse arrive à la simplification presque abstraite du paysage par de violentes oppositions d'ombre et de lumière dans lesquelles les arbres sont traduits par des rythmes épurés. Son arrivée à Nice à la fin de 1917 et sa fréquentation de Renoir installé à Cagnes au milieu d'oliviers centenaires l'engageront vers une peinture de paysage et de dessins d'arbres observés, analysés et beaucoup plus réalistes, qui seront un retour à la perspective et au rendu traditionnel.
En 1930, l'expérience de l'arbre lors de son séjour à Tahiti est celle du rythme qui lie la terre au ciel. De retour en France, Matisse utilisera ces dessins pour faire les gravures à l'eau-forte destinées à illustrer les poèmes de Mallarmé.
Pendant les années 40, Matisse cherchera à accomplir "le signe de l'arbre". Il peint d'immenses platanes, objets de contemplation, qui deviennent le support de son émotion et il taille dans des papiers gouachés un motif d'arbre pour la première chasuble pour la Chapelle de Vence. L'arbre est source d'énergie, de ressourcement, de fusion charnelle quand il joue de sa mythologie pour illustrer les poésies de Ronsard.
De la diversité des espèces végétales il cherche à fixer le « caractère commun ». « Il existe donc une vérité essentielle à dégager du spectacle des objets à représenter. C'est la seule vérité qui importe ». C'est le propre de l'artiste de toucher à cette vérité qui le rend créateur d'infini en participant, dans la communion avec la nature, à l'invention du monde. Quand le peintre à la fin de sa carrière conquiert l'arbre solitaire dans sa magnificence qu'il peint sur les murs de la salle à manger de Tériade, il rejoint le poète dans le paradis dont le jardin est l'emblème.
L'exposition comprend environ 120 peintures, dessins, gouaches découpées, photographies souvent inédits provenant de musées et collections privées européennes et américaines : Musée National d'art Moderne, Musée Matisse de Nice, Musée de Grenoble, de Bordeaux, de Saint-Tropez, musée d'art moderne de la Ville de Paris, des Beaux-Arts de Bruxelles, Tate Gallery de Londres, 10 rouleaux chinois de dessins d'arbres provenant d'un collectionneur taiwanais ainsi qu'une création vidéo de Bertrand Gadenne sur le thème du feuillage.
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