"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Il était curieux d'entendre ma grand-mère parler de sa grand-mère. Pour elle, Les Petites Filles modèles n'appartenaient pas au passé. Ce passé, comme un fond sonore, accompagnait la vieille dame qu'elle était elle-même devenue, effaçant les différences entre hier et aujourd'hui. Elle ne racontait pas mais transmettait. (...)
Pourquoi les éditeurs reviennent-ils sur Les Malheurs de Sophie, Les Petites Filles modèles ou Le Général Dourakine ? Parce que le "beau idéal" de Mme de Ségur court toujours comme un fil de soie naturelle dans une étoffe synthétique. Parce que ses personnages ont tout naturellement enjambé presque cent ans, parce que leur drôlerie, leurs enthousiasmes piétinent l'ennui, parce qu'ils ne sont pas blasés et tendent la main aux enfants d'aujourd'hui pour danser le galop. Parce qu'ils ont dépassé le cercle de famille pour se découvrir mille semblables, engendrés, eux aussi, par cette vieille dame restée si jeune, si jeune, avec sa sagesse et sa fantaisie, son amour des enfants et des fraises à la crème, son ardente piété et son irrésistible humour.
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