« Et c'est comme si nous étions destinés à cela, de père en fils, de mère en fille, partir. Comme si dans nos veines le sang ne coulait qu'à seule fin de venir irriguer les terres vierges, de les ensemencer des épanchements de nos corps tout entiers, de les fertiliser de ce dont nous nous dépossédons. Mes ancêtres sur la terre de La Réunion, mes parents sur la terre de Mada, Clarisse sur l'asphalte sans doute infécond de la métropole. » La narratrice mêle pour Claire le passé et le présent, son enfance à Madagascar où ses parents réunionnais ont été poussés à partir par le gouvernement français en 1951, le retour à la Réunion, son père alcoolique qui rêve toujours de l'impossible eldorado malgache, « à Mada, les mangues sont grosses comme le poing » ; oui, mais « à La Réunion, le jardin de notre case était peut-être étroit comme de là à la cuisine, mais il débordait d'orchidées... », son époux trop souvent fataliste, ses quatre enfants dont l'une, encore toute petite, est morte du palu. « Oui, il en faudrait des livres, pour la raconter, l'Histoire. Celle de tous ceux qui y croient encore ou qui y ont cru comme mes parents, comme moi j'y ai cru, au tremblé de la vague. » La douceur de la terre et l'esclavage, la végétation luxuriante et les nattes à même la terre battue, la lumière éblouissante mais aussi les orages qui ravagent... Un superbe récit, dont la chaleur et la générosité plantureuse font passer les horreurs.
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