"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au début des années 1960, à contre-courant de la vague yéyé qui déferlait, Leny Escudero a fait irruption dans les transistors avec ses chansons passionnées et romantiques. En particulier avec Pour une amourette, qui va faire le tour du monde et que va reprendre Sarah Vaughan : Pour une amourette/Qui m'avait souri/Je me suis fait honnête/J'ai changé ma vie. Personne ne s'y attendait, même pas lui !
C'est un époustouflant feuilleton à épisodes multiples qui, entre rires et larmes, emprunte à la fois à l'émotion d'un Jules Vallès et aux fresques enlevées d'Alexandre Dumas père. Un ton unique.
Chez Leny Escudero, la maîtrise du verbe signe le début de l'émancipation. Parlée ou écrite, sa langue est chantante. Elle est à son image : directe et combative. Ce raconteur est un artiste de la liberté.
Tout au long de cette autobiographie qui sera complétée par un second volume, Leny Escudero, par petites touches, nous fait entrer dans ce qui fut son aventure, une vie riche en douleurs et en joies.
D’ouvrier du bâtiment à auteur-compositeur-interprète, cet homme a bouleversé tous ceux qui ont entendu ses chansons. Lui qui ne cherchait pas le succès et n’aimait pas sa voix, a connu la célébrité avec des titres comme "Pour une amourette", "Parce que tu lui ressembles"," L’arbre de vie"," À Malypense", "Ballade à Sylvie", "La grande farce"," Le Bohémien", "Fils d’assassin"… mais il faudrait les citer tous et surtout l’écouter, le réécouter.
Avec sincérité, toujours beaucoup d’émotion et des remarques très justes sur les rapports humains, il raconte son arrivée à Paris alors qu’il n’a pas 20 ans. On l’embauche comme manœuvre terrassier. Ce fils de républicains espagnols réfugiés en France va de boulot en boulot et attend sa naturalisation, surpris d’apprendre qu’il faut donner une enveloppe bien garnie pour que son dossier soit enfin examiné… C’est finalement un député chez qui il travaille, qui règle son problème alors que Leny ne nous cache rien de ses amours et de sa vie familiale.
Il commence à chanter dans une arrière salle de café : « Ce sont mes premiers contacts de faiseur de chansons avec des gens que je ne connais pas. Ils ont l’air d’apprécier… » Plus loin, il avoue : « Je ne connais rien à la musique. »
Tout en continuant à travailler sur des chantiers, il avance peu à peu dans le monde de la chanson, rencontre Maurice Fanon. Christian Sarral, son guitariste, ne veut pas qu’il envoie ses textes à d’autres chanteurs pour qu’il ne soit pas classé comme auteur.
Les chapitres, moments de vie intenses et souvent très émouvants, se succèdent. Jacques Canetti, chez Philips, croit en lui. Félix Leclerc le conseille. Il part en tournée avec Raymond Devos et Juliette Gréco, se heurte à l’hostilité de Jacques Brel : « Jacques Brel m’a haï tout de suite. Longtemps. Je n’ai jamais su pourquoi. » Peut-être était-il jaloux de son passé qu’il trouvait « Trop beau pour être vrai ! » Philips vire Canetti, Boris Vian aussi, et veut faire de Leny un chanteur de rock !
Leny reprend alors les petits boulots aux Halles de La Villette mais il tente sa chance à L’Échelle de Jacob. À Vichy, où ça se passe mal sur scène, c’est Fernand Raynaud qui vient à son secours et restera l’un de ses meilleurs amis. Léo Messir, directeur artistique chez Barclay, lui permet d’enregistrer à nouveau. Le succès est là mais Leny s’en va faire le tour du monde. Il aide même à construire une école en Afrique.
Après avoir tourné dans « Une femme flic » d’Yves Boisset, il refuse de signer avec Artmédia, voulant garder toute son indépendance et cette agence bloque toutes les propositions qui lui sont faites ensuite pour le cinéma.
Après avoir refusé la médaille des Arts et Lettres que Jack Lang voulait lui décerner, il n’accepte pas d’aller au « Grand Échiquier » de Jacques Chancel parce qu’on veut qu’il remplace « La Grande Farce » par deux autres chansons moins dérangeantes…
Personnage entier, Leny Escudero est un formidable artiste, inspiré par Gaston Couté, le fameux poète libertaire. "Ma vie n’a pas commencé" permet de le découvrir et de mieux le connaître en attendant impatiemment la seconde partie… et le polar qu’il a promis d’écrire… Hélas, depuis, sa vie s'en est allée...
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !