"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le temps coule sans apporter aucune nouvelle. Cette durée ne laisse rien augurer de bon. Je sens venir la fin et le printemps est si beau. Je vais à la promenade le matin, et l'après-midi je reste dans la cellule-promenade de la relève des surveillantes de 13 h. jusqu'à l'heure de ma fouille à 17 h.
Il est plus aisé d'envisager la mort dans une cellule mouillée et glacée, n'apercevant qu'un tout petit coin de ciel d'hiver que dans cette cour-promenade : le ciel est si bleu, presque bleu comme un ciel de Provence, l'air est déjà chaud et le vent souffle venant d'ailleurs, s'en allant ailleurs, me chuchotant un air d'évasion. Sur la plus haute branche du peuplier fiché en terre devant les barreaux de cette cellule-cour-promenade, j'observe chaque jour l'évolution de ce symbole de la vie; le couple merle a fait son nid, elle a pondu les oeufs et ils ont couvé ; maintenant ils donnent la becquée. Les jeunes feuilles de l'arbre vont bientôt me dissimuler totalement cette famille sur laquelle je m'attendris. Et on me tuera et rien ne sera changé. Mes parents continueront à vivre leur grand amour dans leur paix bourgeoise ; ces merles siffleront, le ciel sera aussi bleu et le vent caressera ce monde. Le gazon du chemin de ronde pousse en herbe folle ; j'ai envie de me rouler dans l'herbe, envie de la brouter ; jamais pâquerettes et fleurs de pissenlits n'ont été plus belles. Oui, mais herbe et fleurs appartiennent à la liberté, à cet au-delà des barreaux.
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