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Lucien Hervé (1910-2007) occupe une place tout à fait à part dans la photographie française.
D'origine hongroise, Laszlo Elkan arrive à Paris en 1929. Attiré d'abord par la peinture, la musique et la mode, il commence à photographier en 1938 pour Marianne Magazine. Militant actif à la CGT et au Parti Communiste, dont il est exclu à deux reprises en 1938 et 1947, c'est en cohérence avec ses convictions qu'il rejoint, dès 1940 et son évasion du camp de prisonniers de Hohenstein, les rangs de la Résistance et du Mouvement national des prisonniers de guerre et des déportés, sous le pseudonyme de Lucien Hervé.
D'abord proche de l'école humaniste française avec des sujets sur l'art publiés dans les magazines Marianne Magazine, France Illustration, Point de Vue, Regards, Lilliput, il s'en démarque après sa rencontre décisive avec l'architecte Le Corbusier en 1949, dont il devient l'un des photographes attitrés jusqu'au décès de ce dernier en 1965.
Il se fait alors connaître comme photographe d'architecture et collabore avec Alvar Aalto, Marcel Breuer, Oscar Niemeyer, Jean Prouvé. Ses photographies paraissent régulièrement dans L'Architecture d'Aujourd'hui et Jardin des Arts dans les années cinquante et soixante, et ses très belles images de Chandigarh, Brasilia, du Thoronet ou de l'architecture populaire espagnole figurent dans de nombreuses expositions. Mais il photographie aussi les grands chantiers parisiens, du siège de l'Unesco à la pyramide du Louvre. Ses dernières images sont des photographies en couleurs de son appartement parisien, exposées à la galerie Agnès B en 2000.
Lucien Hervé est l'un des rares photographes à allier philosophie humaniste et pensée architecturale. Ses cadrages en plongée, ses vues en oblique, ses contrastes exacerbés ainsi qu'une aspiration au dépouillement et à l'abstraction caractérisent une oeuvre artistique radicale, rigoureuse et parfois mystérieuse. Bien que connue et largement exposée dans le milieu international de l'architecture, cette oeuvre a tardé à être reconnue par les institutions photographiques, jusqu'à ce qu'il bénéficie d'une rétrospective à l'Hôtel de Sully en 2002, puis d'une salle d'exposition dans l'accrochage des collections permanentes du musée national d'Art moderne au Centre Pompidou en 2010.
Il a disparu le 26 juin 2007 dans sa 97e année, laissant une importante archive photographique à son domicile parisien. À la mort de son fils Rodolphe, il avait créé en 2004, avec son épouse Judith, le prix Lucien et Rodolf Hervé pour aider de jeunes photographes, qui est remis tous les deux ans dans le cadre du Mois de la Photo à Paris. Chevalier de la légion d'honneur et Chevalier des Arts et des Lettres, il avait reçu, entre autres distinctions, la Médaille des arts plastiques de l'Académie d'architecture de la ville de Paris en 1993 et le Grand Prix de photographie de la ville de Paris en 2000.
La période de sa collaboration avec Le Corbusier, entre 1950 et 1965, représente incontestablement le point culminant de son oeuvre.
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