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Le 26 mai 1755, après un procès expéditif, Louis Mandrin est roué de coups puis pendu sur la place des Clercs de Valence. Il est âgé de trente ans. Très vite, le contrebandier entre dans la légende : on ne compte plus les récits et les chansons qui perpétuent la mémoire de ses exploits, sur tout le territoire du royaume. Son nom est resté, jusqu'à aujourd'hui, synonyme d'aventures dignes d'un roman de cape et d'épée, et de rébellion armée contre l'ordre établi. Entre scènes de guérilla et poursuites dans les montagnes savoyardes, Michael Kwass nous entraîne sur les traces de ce bandit lettré devenu l'ennemi public n°1 de la monarchie, en s'inscrivant au coeur d'un trafic international de marchandises. Au-delà des péripéties, l'auteur propose aussi une analyse économique et politique du contexte dans lequel émergea ce Robin des Bois français qui fut, à sa manière, un précurseur de la Révolution.
Gros ouvrage d'un professeur d'histoire étasunien qui ne s'arrête pas seulement sur la vie du contrebandier, mais explique les règles en cours à l'époque et remonte même un peu avant, au XVII° siècle, là où les Européens ont commencé à consommer : "Ils remplirent leurs maisons de meubles en bois (lits, chaises, commodes et garde-robes), d'équipements décoratifs (ustensiles de cuisine, poteries, horloges, miroirs et rideaux). Ils achetèrent davantage de vêtements (manteaux, costumes, chemises, culottes, robes et bas) et firent l'acquisition d'accessoires inédits (parapluies, tabatières et montres à gousset). Ils burent et mangèrent davantage (pain blanc, sucre, eau-de-vie) et investirent dans des sorties et des objets culturels (livres, tableaux, pièces de théâtre)(...) La société n'était pas certes saturée de biens au point que nous puissions évoquer une "consommation de masse" car un large groupe de personnes désespérément pauvres et durablement mal nourries resta exclu de cette effervescence." (p.36/37). Puis ce furent le café, le chocolat et les tissus d'Inde qui firent sensation. Puis, les pays européens, pour financer les guerres nombreuses et coûteuses taxèrent ces produits et la consommation -finalement nos dirigeants actuels n'inventent rien. C'est là que les contrebandiers entrent en scène, Louis Mandrin en tête.
Extrêmement bien expliqué et détaillé, ce livre n'est pas un roman et ne se lit donc pas comme tel. Il demande un peu d'attention, mais est à la portée d'un lecteur lambda, la preuve, je l'ai lu. On en ressort fort de l'histoire de Mandrin, mais aussi plus riche de l'économie et de la politique de l'époque, qui se résume à toujours plus de taxes pour financer les dépenses de l'état, rien de nouveau donc. C'est assez troublant d'ailleurs de lire qu'il y a deux siècles et demi, on aurait presque pu prédire ce qui allait nous arriver aujourd'hui. Si l'histoire est un éternel recommencement, je ne saurais trop conseiller à nos élites de lire ce livre, car quelques années après, ce fut la Révolution qui balaya celles de l'époque -bon certes, pour en installer d'autres-, mais on sait comment certains finirent.
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