"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Qu'y a-t-il de plus beau et doux qu'un hymne à l'amour ? En réalité peu de choses. Ce roman, en plus d'être un témoignage bouleversant de Sonia Frisco, est une ode à l'amour paternel.
Difficile de résumer son histoire. Elle a imbriqué l'histoire de son père au travers de ses derniers jours. Sans "Je", sans "Il", elle dresse ses personnages, comme éloignée d'elle-même pour mieux porter leurs voix : elle se présente elle-même sous le nom de Giada. Petite fille qui découvre le monde sous les yeux de ses parents. Elle parle sans véhémence, sans violence, expliquant l’enchaînement des événements jusqu'à la décision tragique de son père. Avec le recul qu'elle met dans son écriture, les mots sont plus fort, on sent la retenue, la douleur, on sent également par moment des pauses, comme pour retrouver ce souffle perdu dans les méandres des souvenirs.
Le récit est centré sur trois jours importants : du 25 au 27 octobre 1975. On fait connaissance de Michel, de ses doutes et tiraillements dans ses décisions. On apprend à le connaître par des flashs back de sa vie, jeune garçon, jeune homme et des épreuves qu'il a vécu : du manque de communication avec son père, l'autorité sadique de sa mère.
Il rencontre Nadia, la femme de sa vie, celle avec qui partagera un déménagement vers la Suisse, la naissance leur petit trésor, les épreuves de la vie, toujours soudée par leur amour. Dans les moments de doute, où certains sentiments négatifs prennent le dessus, Giada devient son rayon de soleil, sa joie de vivre, sa raison d'être. Celle-ci comprenait sans comprendre, trop petite alors, mais elle réussissait à faire de ses découvertes des événements dont son papa était à la fois fier et heureux.
Mais les vieux démons sont tenaces, ils restent agrippés tels de vilaines sangsues. Michel tient aussi bon qu'il le peut, mais chavire parfois, souvent.
Sonia Frisco signe ici un ouvrage sensible, poignant de par sa pudeur et l'espoir qui naît dans ce livre. Car malgré la profonde tristesse que j'ai ressentie, j'ai été happée par sa mélodie : les mots fredonnaient à mon oreille une mélodie mélancolique, mais qui tirait inexorablement vers l'avenir, là où l'auteur semble également nous emmener.
L'écriture, comme je l'ai souligné plus haut, est fluide, propre, avec un soupçon de méandre que j'ai apprécié : le fil conducteur changeait régulièrement de direction, comme lorsque les souvenirs nous assaillent et nous obligent à les affronter. Le vocabulaire est riche, par moment certain tournures de phrase sont développées avec profondeur et d'autres avec légèreté. J'ai énormément apprécié ce mélange, cela m'a d'autan plus rapproché avec empathie et sympathie de sa propre douleur.
Témoignage difficile, mais empli d'amour. À tel point qu'on en ressort avec l'envie d'étreindre l'auteur pour la soutenir, mais en même lui sourire et se fixer sur l'avenir.
Il y a une poésie toute particulière dans ce livre. La dépression est un sujet encore tabou, car méconnu dans son ensemble. Maladie à part entière, elle isole, broie l''être humain de l'intérieur, sans raison ni patience. Michel, homme gentil, hypersensible, était atteint de cette maladie. Ce livre permet d'aborder ce sujet, et d'encourager les personnes à ne pas rester prostré dans leur silence.
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