"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
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« Les Viaducs de Seine-et-Oise » est la première version du fait divers réel fictionné par Marguerite Duras sous forme théâtrale : l'assassinat et le démembrement d'une femme dont les membres sont retrouvés dans différents trains. Or, tous ces trains passent à un moment dans la ville où vivent les protagonistes (Epinay-sur-Orge). Elle reprendra le même récit à partir de l’acte 2 mais sous un autre angle avec « L’Amante anglaise », là encore sous forme de Théâtre.
On pourrait s'attendre à une enquête policière, mais non car la préface trace déjà le dénouement : un couple de retraité de la SNCF qui a assassiné leur cousine germaine ayant un handicap mental lourd. Ils l’avaient à domicile et elle s’occupait de la maison et de la cuisine. Le couple n’a jamais su dire pourquoi ils avaient fait cela. Et c’est sur ce « pourquoi » que Marguerite Duras se lance.
Claire est le cerveau de l’assassinat. Marcel, son mari, une sorte de benêt qui a exécuté pour l’amour de sa femme. Mais il lui intime de lui expliquer le pourquoi de cet acte. Sait-on toujours le pourquoi de nos agissements ? Non : « C’est inexprimable ainsi de dire à quel point je ne sais rien. Il faudrait un temps fou, plus que je n’en dispose encore devant moi. Et, de plus, il faudrait sans doute en passer par les idées. […] Maintenant, tu vois, tout ce que je sais encore, c’est précisément que je ne sais plus rien. Ça, je ne peux pas dire… je le sais encore, que j’ai su. Et je sais aussi bien que je ne sais plus ce que j’ai su. […] Je n’ai plus que la mémoire de mon oubli » (p. 25et p. 33).
Leur seul remord sur ce crime est qu’ils n’ont plus personne pour leur faire une savoureuse cuisine et ça, ça les chagrine. Pour le reste, ils sont abominables et pourtant, tellement banal au premier abord. C’est toute la force de cette œuvre !
La piste de Duras pour expliquer le crime est dans la bouche de Claire : « On n’aurait pas pu se regarder ensemble tout le temps. Il fallait bien que l’un des deux regarde autre chose que l’autre… Sans ça, qu’aurait-on su de la vie ? J’ai beaucoup attendu que passent les hivers, Marcel, et qu’ils repassent. Beaucoup. Je dois te le dire. Que c’était long… Saleté ! Je ne rêvais plus, Marcel, ni la nuit, ni le jour » (p. 38-39). Claire ne rêvait plus, vide, triste, gênée par l’amour stupide de son mari, même le village de la voyait pas et l’appelait « Madame Marcel ». Elle semblait ne pas exister : « J’étais déjà une ruine » (p. 60)… et elle imaginait que ce crime lui aurait permis de revivre…
Et pendant ce temps, dans le bar, un couple d’amoureux jeunes se bécote, insouciants et en opposition à ce couple de vieux rabat-joie et ennuyeux que sont Claire et Marcel, « si vieux et au plus beau de [leur] décrépitude » (p. 99)… Sauf qu’ils sont de la police et que Claire et Marcel, réfléchissant à haute voix avec l’ouvrier agricole du coin et le barman, finissent pas comprendre le pourquoi de leur acte (cf. ci-dessus) et partir du bar menottés.
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