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Les porteurs d'orage

Couverture du livre « Les porteurs d'orage » de Benamar Mediene aux éditions Aden Belgique
Résumé:

Plus tard, des années plus tard, les noms des assassinés trop nombreux ont mis nos mémoires en défaillance.
Les statistiques désincarnent la mort, gomment les états civils et les histoires de vie. La mort est devenue une atmosphère et le deuil une infranchissable limite. Mon ami Bachir Rezzoug... Voir plus

Plus tard, des années plus tard, les noms des assassinés trop nombreux ont mis nos mémoires en défaillance.
Les statistiques désincarnent la mort, gomment les états civils et les histoires de vie. La mort est devenue une atmosphère et le deuil une infranchissable limite. Mon ami Bachir Rezzoug qui n'abdique devant aucune fatalité même quand elle l'atteint au plus précieux de sa tendresse et de sa vie, me dit : " Ecris, écris sur ces temps de douleur et sur les autres ; écris les noms des copains et raconte leurs gestes.
Nos blessures ne guériront que par la défaite des barbares et nous devons déjà l'annoncer. Nos amis nous manquent, mettons leurs présences dans nos voix. Qu'avons-nous vécu depuis que notre pays est indépendant ? Quelles distances avons-nous franchies depuis la naissance au douar d'origine ? Nous avons reçu des coups sur l'échine, vécu des passions et des joies en oubliant peut-être d'exorciser des démons et d'apaiser les fantômes des cadavres en attente d'inhumation.
Il est venu le temps d'accomplir la prière de l'absent en disant son nom, le pourquoi de son absence et de dévoiler les secrets de famille. " Bachir a raison. L'Algérie est un pays pathétique, un pays de passions. Un pays de souffrances et son peuple perd patience devant les vaines attentes de la paix que des vautours tiennent de leurs griffes et écorchent. J'écris en mettant ma voix dans celle de tous mes copains, ces fantômes subversifs qui souvent me saluent d'une scène, d'une -toile, d'un poème, d'une image, d'un livre.
Je n'écris pas en entomologiste, en historien maniaque de la source, en chirurgien légiste ni en biographe assermenté. J'écris des moments de vie qui sont aussi les miens. Alors je choisis de dire ce qui me paraît bon et bien à dire.

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