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Le 24 mai 1971, soit un peu plus de deux ans avant sa disparition, Picasso offre au musée Réattu et à la ville d'Arles un ensemble de cinquante-sept dessins, tout juste sortis de ses crayons, dont le feuilleté tient exactement dans l'espace de trente-cinq jours : 31 décembre 1970 au 4 février 1971.
Ces dessins appartiennent au «dernier» Picasso, celui qui, après l'alerte que représenta l'opération subie en 1965, se jette plus que jamais à la rencontre de sa peinture, qui convoque et ne cesse de «citer» (dans tous les sens du terme, y compris celui du matador provoquant son taureau) ses figures tutélaires, superposant les réincarnations et les métamorphoses, enchaînant les variations - on pourrait dire les passes, véroniques et naturelles - du bout de trois bâtons pareillement magiques, fertiles et menaçants, vibrants et dérisoires : la batte de l'Arlequin, le pinceau de l'Artiste, l'épée du Mousquetaire.
Dans ce foisonnement, le dessin et la gravure ont un rôle majeur, au plus près d'une écriture incisive et pressée. Les oeuvres qui composent la donation de 1971 apparaissent à plus d'un titre comme l'exemple même de ce précipité.
Les ingrédients qui entrent dans la fabrication de ces dessins se signalent par leur modestie. Ils font feu de tout ce qui traîne et qui fait l'ordinaire de l'atelier, tombées de cartons, papiers d'emballages, pochettes Canson, autant de supports buvards aptes à boire l'humeur du jour. Quant au tracé lui-même, visiblement exécuté à toute allure, comme s'il était à peine question de lever la main de la feuille, Picasso s'amuse à ajouter à l'encre de Chine traditionnelle l'instantané des feutres volubiles ; et lorsqu'il lui faudra matière et couleur, c'est une panoplie de craies d'écolier, simples petits bâtons d'enfance, qu'il invite sur la piste. Avec, encore une fois, la plus grande retenue dans l'étendue de la palette.
Cet ouvrage bilingue (français-anglais) présente donc l'ensemble de cette donation de 1971, mise en lumière par une brillante analyse de Michèle Moutashar, directrice du musée Réattu, et complétée par la présentation des autres oeuvres de Picasso conservées au musée, notamment le Portrait de Lee Miller en Arlésienne de Maria et le Portrait de Maria Picasso Lopez, la mère de Picasso. Le livre s'achève sur un choix de portraits de l'artiste réalisés par les plus grands photographes : André Villers, Lucien Clergue, Willy Ronis, Robert Doisneau.
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