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Tour à tour écrivain public, «ânègreâ» pour des auteurs connus et faiseur de romandegares à succès inspirés par ses errances nocturnes parmi les clochards, Jean-Baptiste s'est retiré à Saint-Idesbald, petite station balnéaire de la côte belge. Il se remémore sa gloire littéraire, mais aussi ses ateliers d'écriture et les milliers de lettres et discours qu'il a composés pour d'autres. Les souvenirs de son enfance solitaire l'assaillentâ: mère très tôt décédée, père veuf et dépressif ne s'adressant à lui que par dictons interposés et mots qu'il lui faisait chercher dans le dictionnaire.
La demande formulée par Maud, une inconnue en fin de vie, de collaborer à un livre ultime éveille la mélancolie de celui qui déplore tous ces mots qu'il a galvaudés. Elle met le «âfaiseur de livresâ» face à «âla pire des fautes professionnellesâ: l'émotionâ».
Jean Jauniaux publie des nouvelles, de la poésie et des romans. Ses livres ont été traduits en italien, ukrainien, espagnol et roumain. Également journaliste littéraire, il rédige des chroniques dans différents journaux et revues (Le Monde, Ulenspiegel, La Revue générale...). Il a été pendant plus d'une décennie le rédacteur en chef de la revue littéraire Marginales. Homme de radio, il pratique l'«âécriture sonoreâ» dans des interviews mises en ligne sur ses différents sites (L'ivresse des livres, edmondmorrel.be...). Il est engagé dans la défense de la liberté d'expression et la préservation du patrimoine littéraire, et à ce titre président de la Fondation Maurice Carême, président honoraire de PEN Club Belgique et diplômé d'honneur de l'Académie des écrivains ukrainiens.
Merci aux éditions Meo de rééditer ce roman publié en 2008 aux éditions Luce Wilquin, l'occasion pour moi de découvrir la plume de Jean Jauniaux dans un très beau roman.
C'est l'histoire de sa vie qui le hante depuis qu'il est gamin, l'histoire de son enfance solitaire avec ses amis de papier qu'il nous livre ici.
Jean-Baptiste a tour à tour été écrivain public, "nègre" pour écrivain à succès. Après avoir écrit 26 romandegares , âgé de 60 ans, il s'installe à Saint Idesbald, une petite station balnéaire de la côte belge.
C'est la solitude qui prédomine malgré la célébrité de son double. Il aimerait à présent, écrire des romansvrai.
Il se plonge dans ses souvenirs, la disparition de Claire (sa maman) lorsqu'il avait 4 ans, la froideur de son père Armand qui s'était juré de lire la bibliothèque au complet pour combler son chagrin, imposant de ce fait le silence à Jean-Baptiste. Lui donnant pour baillon à ses questions, un dictionnaire.
C'est alors pour lui la découverte des mots, l'importance de l'alphabet, des livres, le début de sa relation particulière aux êtres d'encre et de papier. Ensuite, la naissance de l'écrivain.
Jean-Baptiste se plonge alors dans ses archives où l'on trouve : des phrases pour vivre, des lettres écrites à lui-même, des lettres fictives (outil de l'écrivain). Il retrouve sa BOUEE : Boîte à Outils de l'Ecrivain Ecrivant ou encore en fonction des jours , Boîte à Outils de l'Ennivrement par l'Ecriture.
Dans les tiroirs de sa BOUEE, il y a la Bible (la vérité sur les personnages) les pastels, les haïkus, carnets, instamatics mais aussi la rubrique Epistolia. Epistolia et ses différentes correspondances dont celle échangée avec Maud qui fait le lien avec le titre de ce très beau roman.
Tout prend son sens, tout se lie , la quête de l'écriture du roman, la solitude de Jean-Baptiste et enfin l'accomplissement du deuil de son enfance.
Une très jolie plume, touchante, émouvante. Les phrases sont simples, très poétiques. C'est beau.
Ma note : 9.5/10
Les jolies phrases
Les mots peuvent-ils s'approprier le vertige du silence ? Sans s'y engloutir ? Sans y disparaître à jamais, avalés par le gouffre ?
Ah ! tous ces être et avoir jetés à la poubelle, toutes ces répétitions qu'il éradiquait de ligne en ligne, de phrase en phrase, tous ces adverbes éléphantesques; Ils rempliraient, à les faire dégorger tant et plus, des bibiliothèques entières !
Il n'espérait pas la rencontrer. Au contraire. il savait que ce qui s'écrivait entre eux cesserait d'exister s'ils se voyaient, s'ils se parlaient;
Une dizaine de feuillets là où il en aurait fallu des milliers. Comment dire à celle que l'on aime qu'aucun amour, aussi fort soit-il, ne pourra la sauver ? Comment lui dire que, sous le poids d'un tel amour, la mort sera encore plus injuste, encore plus douloureuse ? Comment lui dire l'absurde injustice de cette agonie annoncée qui survenait à l'exact instant où l'un et l'autre semblaient entrer dans la lumière des choses ?
https://nathavh49.blogspot.com/2024/01/les-mots-de-maud-jean-jauniaux.html
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