"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Porté par une grâce et un style uniques, ce roman d'apprentissage livre le portrait complexe d'une famille du Vieux Sud pétrie de littérature, mais incapable de trouver les mots pour exprimer ses grandes joies et ses infinies douleurs. Convoquant Poe, Wolfe, Faulkner ou Salinger, Phillip Lewis livre un futur classique des lettres américaines.
Sur un contrefort élevé des Appalaches se tient une étrange demeure, curiosité de verre et d'acier, que chacun, dans le petit village d'Old Buckram, prétend maudite. C'est ici que vivent les Aster.
Il y a le père, Henry Senior, intellectuel autodidacte, homme de lettres révolté dans une contrée hostile aux bibliophiles. La mère, Eleonore, femme insoumise et lumineuse, qui partage ses journées entre la contemplation de la nature environnante et l'élevage de pur-sang. La cadette, Threnody, adorable fillette affublée d'un prénom imprononçable tiré d'un poème de son père. Et, au milieu, se tient Henry Junior, petit garçon sensible et attentif, qui passe le plus clair de son temps caché dans la bibliothèque, à regarder, fasciné, la figure paternelle noircir, jour et nuit, les feuillets qui composeront le roman de sa vie.
Des années plus tard, Henry Junior n'a qu'une idée : quitter Old Buckram. Fuir pour devenir un homme ; fuir les montagnes et ce silence intranquille qui le ronge ; et, surtout, fuir pour tenter de comprendre ce qui a poussé son père, un matin, à abandonner les siens, en emportant avec lui son mystérieux manuscrit...
Un roman américain très surprenant ; nous sommes dans les Appalaches, dans les années 50 à 2000. le narrateur va nous raconter la vie de sa famille : son père, avocat dans une petite ville a rêvé d'être écrivain mais avant il a beaucoup lu. Il a avec sa femme Eleonore, acheté une maison incroyable, digne d'un des tableaux étranges de Hopper. Une maison avec une histoire de meurtres non élucidés, des fantômes doivent rôder autour ou dans les couloirs et recoins. Mais il y a surtout dans cette maison une superbe bibliothèque. Beaucoup de références dans ce roman familial, on croise Faulkner, Henry Miller, Dickinson, Gaddis, Pynchon, E Poe et de la musique, au piano dans cette étrange maison. C'est un roman sur une famille, de beaux portraits avec « des jours de silence » mais aussi toujours un livre, un poème pas loin. Des pages magnifiques de la nature environnante, une scène terrible d'un autodafé de « tandis que j'agonise » de Faulkner et dont le père du narrateur n'arrivera pas à éteindre. Un magnifique hommage aux livres, à la lecture, à la transmission, à l'écriture.
C'est l'un de ces livres où l’on sait dès la première ligne - en fait dès les premiers mots - que l’on va se sentir bien entre ses pages. Subtil, calme, juste, avec une écriture qui vous amène immédiatement dans cette petite ville appelée Old Buckram et dans cette maison à flanc de montagne. Une maison géante, personnage à part entière du roman, une maison incroyable, gothique, couveuse, sombre, grinçante et extravagante. En fermant les yeux, j’imaginais les coins et les recoins, les pièces, l’immense bibliothèque, les rayonnages interminables de livres et les événements se déroulant dans ses murs. Une famille est morte dans cette maison mais ce n’est pas de cette tragédie qu’il est question - ce sont les tragédies de la famille Aster qui viennent s’y installer que nous allons suivre.
En 1939, Henry Aster est né dans ce coin des Appalaches sans intérêt, et il s’en rend compte dès qu’il apprend à lire, très jeune. Tous les livres de Old Buckram ne suffisent pas à contenir la curiosité d’Henry. Il attend le jour où il pourra partir et devenir un grand écrivain.
Henry part et Henry écrit, mais son vœu de ne jamais retourner chez lui est brisé lorsque sa mère est malade. Avec femme enceinte et diplôme de droit en poche, Henry retourne à Old Buckram, achète une grande maison sur la colline où l'ironie de sa vie, sa carrière juridique et surtout son livre inachevé commencent lentement à le consommer.
Pendant ce temps, le fils d’Henry, - également appelé Henry - grandit. En admiration devant son père, il grandit en aimant les mêmes choses: la musique classique, le piano, les livres. Et tout comme son père, lui aussi est incapable d’échapper à ses démons intérieurs...
Une histoire de liens familiaux et de liens rompus, de rêves jamais pleinement réalisés. Une histoire sur l'acceptation de son passé, sur l'amour fraternel, sur l’impact tragique de la dépression.
Pas d’immense coup de cœur cependant car la partie sur les années de fac d’Henry junior m’a semblé en dessous du reste, mais ce livre est à mon avis le début brillant d'un romancier talentueux. A découvrir.
« Les jours de silence » est un roman d’apprentissage. Il se déroule dans les Appalaches, en Caroline du Nord, dans les années 1950 à 2000.
Henry Senior Aster revient à Old Buckram car sa mère, Madeline, est gravement malade.
« Old Buckram, où débute cette histoire, est une petite ville de montagne achromatique, nichée très haut au coeur des Appalaches. Elle se situe en position précaire, aussi loin que l’on puisse aller au nord et à l’ouest tout en restant à l’intérieur des frontières officielles de la Caroline du Nord. En 1799, la ville comptait 125 habitants, et, en 1939, le nombre avait grimpé jusqu’à 400. C’est une ville aux rues et trottoirs solitaires, rarement empruntés. Ses quelques misérables commerces - une quincaillerie désuète, un comptoir d’aliments pour bétail, un cordonnier, une boutique de vêtements dégriffés, un café et un tailleur de pierres tombales…. C’est une ancienne ville ferroviaire, où le train ne passe plus depuis des années…… C’est une ville de fantômes et de superstitions. » (pages 15 - 16).
Avec sa femme, Eleonore, ils ont eu trois enfants : Henry Junior, Threnody, la cadette, et Maddy qui est morte dans sa prime jeunesse.
Henry Senior tombe sous le charme d’une maison incroyable, faite de verre et d’acier. Les habitants du coin la prétendent hantée. Mais il en faut plus pour faire peur aux Aster.
« Sur un contrefort élevé, à demi cachée par une rangée d’arbres fantomatiques et vieux comme le temps, se dressait une immense demeure tout en verre et fer forgé. De jour, c’était une étrange curiosité architecturale. Par un jeu subtil des arêtes et des plissements de la montagne, elle semblait toujours être dans l’ombre, même quand le soleil brillait dans un ciel sans nuages….. De nuit, elle ressemblait à un oiseau de proie à l’oeil d’ambre, tapi dans le noir au bord du plateau… Elle avait vu le jour en 1918 à la demande d’un vice président de la compagnie du tabac RJ Reynolds…. (pages 47 - 48).
Le père est avocat mais il passe surtout ses nuits à écrire le roman de sa vie, avec toujours à la main un verre d’alcool fort.
« Mon père avait quitté Old Buckram avec des plans ambitieux. Il croyait disposer du matériau brut (l’intellect, l’instinct, l’oreille) qui lui permettrait, avec le temps, de devenir un auteur américain adulé de tous. Il allait lire tout ce qui avait été produit jusqu’à ce jour et, comme il le comprenait en profondeur, ferait avancer l’art d’écrire d’une façon dont lui seul était capable, pour un jour s’élever jusqu’au rang de Wolfe, Faulkner, Fitzgerald. Il écrirait une oeuvre de fiction sans égale, qui tenterait de redéfinir la nature même du langage. » (page 42).
A la mort de sa mère, Henry Senior est désemparé, complètement détruit. Un jour, noyé par son chagrin, il s’évanouit dans la nature avec son manuscrit. Il ne donnera plus jamais signe de vie.
Henry junior est, lui aussi, déboussolé par le vide laissé par la disparition de son père. Ce dernier était tout pour lui : il a été son guide en littérature et dans la vie. Il perd son identité et la famille avec.
Cette famille n’est jamais arrivée à travers les mots à définir leurs sentiments les uns envers les autres, incapables aussi de verbaliser leurs grandes joies comme leurs douleurs.
Mais avec la disparition du père tout se désagrège, se délite et chacun part de son côté, en sachant qu’ils ne reviendront plus jamais dans cette demeure, peut-être, en effet, maudite.
Dans la première partie de son livre, Phillip Lewis, laisse une large part à la littérature. Mais peut-elle régler tous les problèmes, être une solution que l’on puiserait dans tel ou tel livre ? Peut-on vivre qu’à travers elle ?
La littérature, certes, peut nous aider à mieux nous comprendre, à mieux comprendre les autres.
Elle peut nous soulager dans la vie de tous les jours.
Elle est une joie, un bonheur.
Mais c’est à nous de vivre notre propre vie. Les romans ne le feront pas à notre place.
Le livre est un vecteur. Mais il ne doit pas nous submerger.
Ce qui a été le cas d’Henry Senior. Il a cru pouvoir dompter la littérature et donc sa vie mais il s’y est perdu.
Cette première partie du livre est, aussi, très intéressante car elle nous raconte la vie de famille des Aster.
Les moments de tendresse, de complicité entre le frère et la soeur. Les échanges entre le père et le fils sur tout et n’importe quoi.
Personnellement, à partir du moment où Henry Senior disparaît de l’histoire, la lecture de « Les jours de silence » s’essouffle : Henry Junior part à la faculté. Il y rencontre son premier amour (Story), sa mère, Eleonore et sa soeur, Threnody déménagent à Charlotte.
On s’éloigne de la littérature et donc d’un sujet majeur traité dans ce roman qui m’a le plus fait vibrer.
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