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«Baudelaire écrit une poésie qu'on peut examiner à la loupe, à la longue-vue, ou à l'oeil nu : elle rend la même musique. Chaque vers contient la totalité des Fleurs du mal. Et même, pris dans son contexte, chaque mot. L'image du très grand se retrouve dans le très petit. En somme, commenter le qualificatif "cruelle" dans "l'ennui rend ton âme cruelle", c'est donner à voir l'horizon baudelairien dans son intégralité. La biologie enseigne qu'on peut reconstituer certains organismes à partir d'un seul fragment microscopique. Les cellules qui le forment sont dites "totipotentes". De la même manière, les mots choisis par Baudelaire, du plus trivial au plus rare, sont totipotents, et les poèmes qui en naissent composent le bouquet de "fleurs maladives" qu'il offrit à Théophile Gautier. En voici un, "La mort des amants", examiné pétale par pétale.» Jacques Drillon.
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