"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En 2015, Luxi, étudiante chinoise en cinéma à Paris, décide de partir dans son pays natal avec son copain français pour y réaliser son documentaire de fin d'études sur sa copine Fanfan, professeure des écoles et lesbienne dans une région rurale très pauvre. Cette dernière est persécutée par sa famille, ses voisins, ses collègues et, plus largement, par le régime chinois, qui n'admettent pas son homosexualité. Sur place, alors que le tournage est sur le point de se terminer, les amis se font arrêter par la police après avoir été dénoncés par des villageois... Au bout de quelques jours d'interrogatoire, la police décide de les laisser partir, mais après avoir détruit les dizaines d'heures de rush du documentaire. Ceci est le making-off inédit de ce film qui ne verra jamais le jour...
Tourner un documentaire pour projet de fin d'études et choisir la Chine comme destination, c'est ce qu'a décidé Luxi, une jeune étudiante chinoise résidant à Paris. Mais ce tournage, qui devait parler de sa copine Fanfan, ne va pas se dérouler comme prévu. Les Enfants du rêve chinois ou comment un film va se transformer en une première bande dessinée publiée chez Sarbacane.
Luxi a grandi en Chine, mais elle a choisi de partir en France pour y étudier et y habiter. Alors qu'elle doit réaliser son film de fin d'études, elle décide de parler de sa copine Fanfan, professeure, pour évoquer le monde rural en Chine. Mais ce retour aux sources ne va pas se dérouler comme escompté. En effet, Fanfan est homosexuelle, une orientation sexuelle difficile à vivre dans l'Empire du milieu.
En mettant face à face deux femmes qui ont reçu deux éducations similaires mais qui ont poursuivi leurs chemins dans des pays différents, Luxi l'autrice permet à ses deux personnages féminins de s'interroger. S'interroger sur leur pays d'origine, s'interroger sur la façon de vivre une sexualité qui n'entre pas dans les normes du régime chinois, mais également dans les normes de la population voire de sa propre famille.
Les Enfants du rêve chinois est un album qui permet d'aborder de façon très intéressante, parce que très concrète et surtout avertie, la notion de Droits de l'Homme. Que ce soit dans la sphère privée, publique et professionnelle.
Si cet album a pris vie, c'est parce que le projet de film a dû être abandonné. En effet, à la fin du tournage, la police a arrêté Luxi, l’a interrogée et a détruit les rushs du documentaire.
Mais ce n'était pas sans compter sur la détermination de Luxi qui a décidé de raconter comment s'était déroulé son tournage. Un témoignage vrai, sans fard sur une réalité politique mais également sociétale. Un pamphlet pour dénoncer, très habilement et tout en subtilité, les atteintes aux droits des hommes et des femmes.
Cet album n'aurait peut-être jamais dû voir le jour.
Certes les dessins sont un peu brouillons, pas forcément très beaux, et les nuances de gris n'aident pas toujours à la lisibilité, mais je vous encourage malgré tout à passer la première impression.
En effet, Luxi, jeune étudiante chinoise en fin d'étude, décide de monter un docu-reportage en Chine autour de la vie quotidienne d'une connaissance locale, Fanfan - prof de son état.
Fanfan a la particularité d'être homosexuelle, tout comme Luxi, et cela lui semble intéressant de parler de sa condition, du regard extérieur qu'on lui porte, de son intégration dans un pays où ce statut n'est pas totalement accepté...
On voit d'ailleurs toute l'ambivalence de la situation, Fanfan elle-même n'assume qu'à moitié sa condition homosexuelle, et garde un regard très strict pour ce qu'elle semble presque considérer comme une déviance, et qu'elle ne supporterait pas de voir auprès de ses élèves par exemple.
Le reportage interpelle les villageois, un peu, mais surtout la Police (Big Brother is watching you), qui va faire de l'ingérence dans ce voyage touristique, et supprimer tous leurs films / photos / notes, au motif d'arguments fallacieux.
La différence de posture des autorités au regard de Luxi (asiatique) ou de son compagnon occidental (Jean) est carrément choquante. Pas de vague dans les relations diplomatiques...
C'est clair, cet album n'aurait peut-être jamais dû voir le jour. Mais difficile pour les autorités d'effacer leur mémoire.
Et cette BD en reste le témoignage.
Heureux d'avoir pu en profiter :).
Cet album fait partie de la sélection du Prix BD Orange/Lecteurs.com 2023. Je vous le conseille vivement.
Première planche, elle est dans une pièce sans fenêtre, soumise à un interrogatoire absurde. Elle ne comprend pas ce qu'elle fait là... qu'a-t-il bien pu se passer ?
C'est le récit d'un film qui n'a jamais vu le jour. 2015, Luxi décide de partir en Chine avec son compagnon Jean pour y tourner un docu sur une amie, Fanfan, lesbienne et professeur. Mais est-il possible de filmer la vérité, de montrer de que sont devenus les enfants du rêve chinois ?
Fanfan n'a pas une vie facile. Elle est montrée du doigt, rejetée par une société chinoise qui veut encore traiter l'homosexualité comme une maladie. Luxi cherche à la faire parler, à comprendre sa vie, ses espoirs... Mais à la campagne, la vie a bien changée... Entre urbanisation sauvage et lieux reculés, les jeunes se cherchent une place. Se marier, faire un enfant, partir travailler à la ville, tout est compliqué.
Luxi nous raconte le tournage du film, on entre dans les coulisses, dans le making-of: les difficultés rencontrées, l'accueil plus ou moins bienveillant des villageois. C'est aussi l'occasion de montrer le pays de l'intérieur, tel qu'il est. C'est évidemment très instructif sur la réalité d'un pays dont on entend tout et son contraire, un pays qui cherche à maitriser l'image qu'il renvoie vers l'occident. Et c'est le problème que vont rencontrer nos étudiants...
Luxi choisit un noir et blanc sobre, avec un trait fin à l'encre, elle ne cherche pas forcément à être réaliste mais l'aspect documentaire est préservé par la sincérité et le côté immersif du propos.
Cet album courageux a le mérite d'aborder des sujets qui fâchent: la politique de l'enfant unique, le manque de femmes qui deviennent des marchandises à acheter, la répression des Ouïghours, la délation... L'autrice nous offre un éclairage essentiel et permet à ce film de prendre vie, malgré tout.
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