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Le Meilleur des mondes conçu par Aldous Huxley reposait sur une valeur suprême, la stabilité.
Dans notre monde, la santé n'est-elle pas devenue la valeur première, en même temps que le dernier refuge de la morale et de la solidarité ? Le lecteur pourra imaginer une société future dans laquelle la médicalisation, en marche depuis plusieurs siècles, aura fini par investir l'ensemble du champ social. En effet, la médicalisation n'est pas seulement l'expansion de la médecine en tant que pratique et savoir, elle est aussi le produit des transformations qui s'opèrent dans le domaine de l'expertise et dans les divers secteurs du monde social.
Elle est à la fois constituée et engendrée par une " occupation " de plus en plus obsessionnelle des esprits par la valeur santé. Elle est le fruit d'une dialectique subtile entre les divers éléments qui sont à l'origine du processus qui lui donne force et dynamisme. Rien ne peut véritablement s'opposer à ce processus - et certainement pas les politiques de restriction des dépenses de santé - dans la mesure où la source essentielle à laquelle il s'alimente est la vie, avec ses angoisses face à la maladie, à la souffrance, au vieillissement et à la mort.
Avec la médicalisation, peut-être sommes nous arrivés aujourd'hui au terme de l'ère médicale prophétisée par Knock et entrons nous dans l'ère de l'homo sanitas.
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