"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lorsque que l'homme parle des animaux, parle-t-il seulement des animaux ? Est-ce que saint François communiquait vraiment avec le loup et les oiseaux ou n'était-ce qu'un art et une technique de prédicationoe Est-ce que Konrad Lorenz parle seulement des oies lorsqu'il les décrit ? De qui et de quoi parle l'anthropologue lorsqu'il s'intéresse à l'imaginaire symbolique des hommes sur les animaux ? Sergio Dalla Bernardina nous questionne non pas sur les vérités scientifiques concernant notre connaissance réelle des animaux mais sur tous les "à-côtés" par lesquels, volontairement ou involontairement, ils font passer des messages d'une autre nature. Une chose est certaine, c'est que l'on n'aime pas les animaux "dans l'absolu", on les aime ou on les déteste par rapport à une situation.
Souvent l'animal ou sa reproduction, plutôt que de nous aider à réfléchir sur les conduites des hommes, nous sert à les oublier.
Devenus paradigmatique dans notre société contemporaine, les animaux ou l'idée même de leur existence servent d'exemple pour la bonne gouvernance. C'est comme cela que la réintroduction des loups à Yellowstone a permis de chanter le retour de la famille traditionnelle dans un monde bien hiérarchisé où toute forme de déviance est sévèrement réprimandée. Pourtant, la question reste : est-ce qu'il faut retenir le discours de tendresse sur les animaux ou accepter la réalité : le plaisir d'exercer son pouvoir, de dominer un autre ou la nature à travers la domination qu'on exerce sur eux.
S. Dalla Bernardina passe en revue toutes nos situations actuelles et nos discours avec et sur les animaux. "Hommes de gauche et chiens de droite" réactive les questions sur "la race" ou a minima sur le caractère et des chiens et des cynophiles, l'auteur allant jusqu'à poser des questions taboues : "Les écologistes sont-ils des racistes comme les autres ?" Il se permet aussi de comparer les zoophiles et les ethnophiles, allant jusqu'à se demander si l'amitié homme-animal ne serait pas une sorte de modèle de subordination. Bien sûr, la question actuelle du loup ou plutôt de sa réintroduction physique dans notre univers est envisagée et discutée, ce qui permet de questionner notre rationalité actuelle en attendant les loups d'appartement. Il oppose, toujours autour de la bête, les plaisirs du chasseur aux souffrances de l'écologiste, reposant le problème des territoires de la perversité et de la méchanceté qui unissent le couple prédateur-proie. Plus grave enfin, il soupçonne que dans l'idée contemporaine de l'abolition des espèces à travers les récits animaliers (contes et légendes) et la réalité historique, les camps de concentration, on exprime une ultime modernité où l'humain est confondu avec l'inhumain, l'animalité l'emportant dans la plus parfaite indifférence, la question restant aujourd'hui de savoir pourquoi nous adhérons sans réserve à des histoires entre vivants qui nous stigmatisent ?
S. Dalla Bernardina, avec une réelle originalité et un il à la fois neuf et distancié (il nous vient d'Italie et s'inscrit dans sa tradition anthropologique), à partir d'exemples et de références amusantes (ou pas), nous fait à la fin réellement réfléchir sur le rapport que nous entretenons avec les animaux aujourd'hui et sur l'enjeu, réel ou imaginaire, que cela implique.
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