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L'histoire de l'éducation nouvelle est à faire. La tâche est difficile, pour les historiens comme pour les pédagogues. Car ce vaste courant éducatif, né à la fin du siècle dernier, se prolonge aujourd'hui dans les lieux communs de notre propre modernité éducative. Et qui parle de «lieux communs» dit l'adhésion spontanée comme le rejet polémique. Le retour sur le passé peut alors se transformer soit en un pèlerinage hagiographique aux sources enchantées, soit en la dénonciation vindicative des impostures. Un colloque helvético-franco-allemand, réuni à l'Université de Genève sous l'égide des Archives Institut Jean-Jacques Rousseau en avril 1992, a tenté de faire le point sur le moment que traverse l'historiographie de l'éducation nouvelle. On y a conclu qu'il était possible aujourd'hui de travailler à ce dossier au-delà de l'hagiographie et de la polémique. Et on a commencé à y poser les bases d'un dialogue transfrontalier. Car le mouvement fut à la fois spectaculairement international et fortement spécifié par les cultures nationales ou les aires linguistiques. Education nouvelle, Progressive Education, Reformpädagogik: un même mouvement sans aucun doute. Et pourtant, des réalités, sous bien des rapports, inassimilables. L'histoire de l'éducation ne peut être que comparatiste: ce n'est pas le moindre apport de ce colloque que de confirmer cette conviction.
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