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Cet ouvrage posthume de Bernard Juillerat élève le mythe au rang d´« "objet transitionnel" entre l´inconscient individuel et la société » et permet de repenser encore une fois des questions dont l´intérêt excède évidemment le domaine mélanésien, notamment la sexualité, la procréation, la parentalité, la filiation, l´émergence du social ou la mort. À partir de l´analyse comparative d´un corpus de mythes mélanésiens, essentiellement néo-guinéens, Bernard Juillerat en dégage la logique sémantique globale, en repérant les thèmes disséminés à travers les récits de multiples sociétés qui prennent sens comme autant d´éléments de configurations inconscientes universelles. La transmission orale des mythes, qui véhicule ce sens, contribue surtout à le produire à travers les transformations que leur répétition induit inévitablement au cours du temps. Ainsi, comme il l´écrit, le « sens n´est pas préétabli avant même que le mythe n´existe socialement : il se constitue dans une poussée de la pensée qui, par la médiation du récit, passe dans la parole et devient un bien culturel transmissible ». Au coeur des mythes réside la question des conflits permanents entre la jouissance individuelle et la construction du social qui travaille à sa domestication, le mythe parlant des « concessions que le sujet doit concéder au social pour maîtriser sa part "naturelle" ». Ainsi la pensée mythique fait-elle resurgir ce que la société a refoulé comme non socialisable. Dans la première partie, l´auteur traite des héros phalliques, personnalités solitaires, narcissiques et pulsionnelles qui défient l´ordre social et auxquelles appartiennent notamment les figures répandues des changeurs de peau. La deuxième partie porte sur les héros oedipiens, personnages disposant d´un accès privilégié à l´abondance - qu´elle se dise en termes de richesses matérielles ou de femmes. Ces types de héros vécurent sous le règne du principe de plaisir avant qu´une transgression individuelle n´y mette fin en provoquant l´apparition du principe de réalité qui régit désormais la vie de la société. La troisième et dernière partie concerne l´intrication mythique des thèmes de l´amour, de la mort et de l´abondance. L´analyse se termine sur l´observation qu´une structure ternaire apparaît commune à la presque totalité des récits. Écrit de façon claire et avec la sobriété qui était coutumière à l´auteur, ce livre offre un large panorama de mythes dans lesquels les ethnologues de la Nouvelle-Guinée en particulier retrouveront des échos familiers des récits qu´ils connaissent. L´interprétation qu´en livre Bernard Juillerat ici entend mettre en évidence les récurrences thématiques qui se font jour entre eux, sans chercher à les contextualiser de façon spécifique. Il n´est donc fait référence, par exemple, ni aux rites susceptibles d´être associés à ces mythes et de les éclairer, ni aux modalités sociales de leur énonciation.
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