L'omniprésence du temps est l'un des thèmes majeurs de ce recueil. Qui dit temps dit la pulsation même de la vie, sa fragilité, le mouvement qui nous emporte tous et l'essence éphémère des choses, leur renaissance ou leur mort. Voici, par exemple, à la fin du poème Ségeste, l'image du grand navire emportant à travers les âges l'humanité, ses dieux, ses temples désertés, ainsi que les vies et les émotions de chacun, passagers ou fantômes :
" Je hume, ô mémoire du vent,
des ombres à jamais dissoutes.
Le temps fait voile de l'avant
avec des marbres plein ses soutes. "
Dans leur diversité (graves ou durs, mélancoliques ou légers), les textes réunis ici, encore que sans grande rigueur chronologique, n'en portent pas moins le sceau du temps, vu les différentes époques de leur composition. En fait, la poésie n'est pas vraiment datable, son temps n'étant pas celui de l'actualité, encore moins celui des modes. Et quoique le poète, à la différence de beaucoup d'écrivains, s'exprime de préférence au présent, le monde dont il parle n'est pas celui de tous les jours. Ce qu'il évoque, ce n'est peut-être pas tant un autre monde qu'un monde autre ou vu sous un angle nouveau, dans une nouvelle perception du temps et un certain tremblé de l'écriture.
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