« Être à la rue c'est un truc que je souhaite à personne et qui malheureusement peut arriver à tout le monde. Si les gens savaient, ils jugeraient peut-être un peu moins. » Par ces mots, Jean-Sébastien essaye de lutter contre la stigmatisation qui pèse sur lui, sourdement ou parfois très explicitement. Après treize années passées entre la rue et l'assistance, la mendicité, les addictions et les petits boulots, cela fait presque un an que Jean-Sébastien loue un appartement et travaille au moment où sont menés les entretiens qui composent la chair de cet ouvrage, entre février et juin 2024. En relatant les échanges entre le sans-abri et le sociologue, l'ouvrage fait le pari de rendre visible et intelligible une existence marquée par la (grande) précarité. Ainsi, c'est à la première personne qu'est racontée cette expérience, à travers la voix et les paroles de Jean-Sébastien lui-même, ici réhabilité en sujet de sa propre vie et de son propre récit. Par son témoignage, ce livre constitue en lui-même une tentative supplémentaire de se raconter, de mettre du sens sur un parcours de vie qui présente à la fois les traits les plus singuliers d'une existence unique et les épreuves d'humanité les plus universelles, quand vient à manquer ce qui semble pourtant indispensable à l'existence : le « chez-soi ».
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