"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Rachel et son mari David sont l'image même du jeune couple heureux et comblé. Une belle maison à Brighton, une société de production florissante... Et David ne se doute pas une seconde que sa femme s'autorise quelques infidélités. Lorsque Rachel tue un homme au volant de sa voiture, les apparences si bien préservées commencent à se fissurer. David se charge de faire disparaître le corps et insiste pour qu'ils reprennent le cours normal de leur vie. Mais Rachel, rongée par la culpabilité, se laisse happer par une spirale autodestructrice qui attise les obsessions les plus sombres de David, manipulateur et possessif, et fait remonter en elle des souvenirs d'enfance refoulés depuis de nombreuses années. Rachel parviendra-t-elle à affronter son douloureux passé et à trouver l'absolution pour son crime ?
A travers le portrait d'une femme prisonnière d'un mariage toxique, Rebecca Whitney nous montre que, bien souvent, notre part d'ombre n'est en fait qu'un écran de fumée destiné à dissimuler une vérité à laquelle on cherche à échapper.Un roman qui tient en haleine jusqu'à la toute dernière page.
C'est le genre de suspense que je verrais très facilement adapté au cinéma parce que tous les ingrédients pour en faire un film entraînant y sont.
Le lecteur se rend très vite compte que toute cette histoire va très mal finir et que chaque personnage principal a son compte à régler mais avec quelle intensité et quelles conséquences ? suspense, suspense...
Ce qui est sûr c'est que la vie de Rachel ne pourra pas vous laisser indifférent et que pour elle, la vie avait plutôt mal commencé et ça ne s'est pas vraiment arrangé avec le temps, mais il est vrai que certaines personnes ou événements laissent des traces à longue durée et l'humain a tendance à reproduire les mêmes schémas connus dès l'enfance.
Le mari qu'elle s'est choisi (enfin, c'est vite dit) n'est pas vraiment du genre brebis mais il s'agit plutôt d'un loup dont la meute n'est jamais très loin.
Ce livre m'a quelque peu désarçonnée, je dois bien l'avouer, parce que Rachel ne mène décidément pas une vie telle un long fleuve tranquille, il s'agit plutôt d'un long cours d'eau aux remous parfois violents, parsemé de chutes d'eau vertigineuses et aux profondeurs diverses.
http://alombredunoyer.com/2015/10/24/le-pacte-des-menteurs-rebecca-whitney
Le pacte des menteurs est le premier roman de l'auteur anglaise Rebecca Whitney.
En choisissant le thème du thriller psychologique, Rebecca Whitney prend un risque certain, mais comme nous allons le voir s'en tire avec brio.
Rachel et David forment un couple en apparence sans histoire: heureux et comblé à la fois personnellement et professionnellement. Un matin en rentrant, Rachel heurte un homme au volant de sa voiture et le tue. Tout est fait pour que l'accident passe inaperçu mais comme on peut le subodorer, cela ne va pas du tout se passer de la sorte. C'est le début des ennuis et de la descente aux enfers pour Rachel et son couple...
Composé de 24 chapitres répartis en 3 parties, le livre se lit très facilement et rapidement. Si le début semble banal et lent, vous serez surpris par la suite et ne parviendrez plus à le lâcher avant d'en avoir tourné la dernière page.
Dans la première, celle de l'accident, Rebecca Whitney nous présente un couple solidaire et complice. Ils partagent tout, que cela soit professionnellement (ils travaillent ensemble) que personnellement (Rachel est aidée par David pour masquer les conséquences de l'accident). L'écriture de l'auteur met bien en valeur ce côté clinquant du bonheur, du pouvoir de l'apparence face aux invités (en mettre plein la vue à ce que l'on reçoit, leur montrer qu'on réussit dans la vie...). Malgré cela, Rachel est rongée par le remords de l'accident (qui est l'homme qu'elle a tué?) et on devine que David n'est pas aussi parfait que son attitude le laisse deviner. Là encore, il faut noter la construction subtile de Rebecca Whitney qui amène le lecteur en le plaçant "dans la tête et les pensées de Rachel" vers la décadence du couple. La fin de cette partie marque une rupture dans leur confiance mutuelle, comme l'exprime parfaitement la citation ci-dessous.
"Aujourd'hui, quelque chose de nouveau s'est installé entre nous, une défiance. Ce qui s'est produit dépasse de loin tout ce que nous avons connu jusqu'ici: la mort d'un homme, plus l'humiliation publique de ce soir devant le genre de personnes que David tient justement à impressionner le plus. Ces erreurs-là, il doit penser que je les ai cherchées. il va se méfier de moi maintenant, incapable d'évaluer un avenir qu'il s'est donné tant de mal à faire exister durant toutes ces années. Je suis un satellite défaillant s’éloignant en vrille du vaisseau mère. Si David n'arrive pas à me ramener, il me désactivera et me désarrimera. Je sens toute la menace larvée de sa défiance à mon égard".
La deuxième partie, celle de la décadence, est violente psychologiquement. L'auteur mélange présent et souvenirs passés de Rachel. C'est fort, intense et addictif. Rebondissements et surprises viennent perturber les certitudes du lecteur. On a de la peine pour Rachel, on haït David mais on se demande également si la folie n'a pas totalement contaminée le cerveau de Rachel, tant elle semble fragile psychologiquement et incohérente dans ses attitudes. On devine qu'elle a eu une enfance compliquée, qu'elle a cru trouver en David la sécurité et le réconfort... mais également qu'elle se sent aujourd'hui à l'étroit et prisonnière. L'écriture fine de l'auteur illustre bien la vie chaotique de Rachel, même si elle abuse un peu trop souvent dans cette partie de descriptions détaillées. Ces quelques longueurs ternissent un peu le contenu de certains chapitres. Il m'est arrivé de survoler des pages et de me "contenter" des dialogues entre les personnages.
« Tant que David se battait pour me récupérer, j’étais en sécurité, mais mon utilité aussi bien en tant qu’épouse qu’en temps qu’associée n’est plus de mise. Il s’est lassé de me remettre constamment dans le droit chemin, et de mon côté, je continue de multiplier les écarts, qu’il découvrira tôt ou tard. D’une façon comme d’une autre , quand son obsession de vouloir tout contrôler et de faire de moi sa chose lui passera, il s’éloignera de moi sans plus de regret qu’il n’en a à renoncer à un investissement qui n’est plus rentable. Et Dieu seul sait de quoi il sera capable à ce moment-là. Il y a beau temps que la menace couve»
Enfin, dans la dernière partie, la tension est à son paroxysme. Tout est fait pour captiver le lecteur et l'inciter à tourner les pages avec frénésie. Petit à petit, l'auteur dévoile chaque pièce manquante pour compléter le puzzle de l'énigme. C'est l'explication du titre, l'apologie du mensonge, la vraie apparence des personnages.
Pour David, seul compte la réputation et le clinquant. Il est loin d'être celui que l'on pense au début du roman:
« Je me fiche de ce que tu as fait, Rachel, mais je ne me fiche pas des affaires. Je ne vais pas tout compromettre pour un petit incident dont tu as finalement réussi à faire une catastrophe. […]Tout ce que tu avais à faire, Rachel, c’était mentir. Je ne veux plus risquer de faire les frais de tes erreurs. »
Le mensonge est pourtant omniprésent dans la vie de Rachel, comme l'explique l'auteur en faisant parler sa mère dans un des flashback
« Regarde-toi, Rachel. Qu’est-ce que tu vois ? Moi, je vois une petite fille sans cervelle qui tente de faire étalage de ses charmes devant un homme adulte. […]Menteuse. (Elle crie plus fort encore.). Tu es une menteuse ! Je baisse les yeux et marmonne. Des larmes coulent sur le lino.»
L'auteur conclut sur une note plus gaie et positive, histoire de libérer le lecteur de son emprise .
« Car qui sommes-nous sinon la somme de notre expérience ? Nous pouvons choisir quel visage montrer au monde, mais il n’y en a qu’un que nous puissions arborer à notre intention. […] A n’importe quel moment, je peux choisir de quitter cet endroit pour entrer dans le jour, et tous les jours à venir. Le temps s’ouvre devant moi. L’avenir est un nouveau pays fascinant. »
Le pacte des menteurs est un thriller domestique captivant et addictif qui nous tient en haleine jusqu’au bout malgré quelques petits défauts de jeunesse. Je vous le conseille sans hésitation. Il vous marquera j'en suis certain.
Rebecca Whitney est une auteur qui mérite d'être suivie dans le futur.
Soulignons avant de conclure la très belle couverture (ce puzzle reconstitué avec le visage de Rachel illustre à merveille le livre) ainsi que la traduction brillante qui rend la lecture très fluide de Nordine Haddad.
4/5
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