«Si ça se pouvait on se ferait sucette de craie, insensible et millénaire comme le grand caillou pour la bouche abrasive du vent qui fabrique des déserts en rongeant les montagnes. Déranger Kerzo dans sa conférence, ce serait criminel. Parce que Le Mur de l'océan tranquille, c'est vraiment, "la vie au bout des doigts", la vie avec la viande qui lui sert d'écrin, précieuse, cajolée, unique. Toute la belle vie sur le tapis vert, pour rien, même pas pour les millions d'un sponsor ; juste à cause de ces drôles d'ouragans qui se cognent dans le crâne des fous et qui ne trouvent jamais la sortie, ces voix artérielles que certains prennent pour des voix célestes, ce tam-tam de brousse, impossible à faire taire à l'intérieur des hommes : la mort, autant l'appeler par son nom, qui bat comme un volet au nord de l'instinct de survie, la mort, cette putain à voix de miel, qui dit au fou : "Vas-y saute ! Saute pour voir ! Mais saute donc !" Et le fou saute. Et presque à tout coup il se reçoit au quart de poil. Jusqu'au jour où...» Au pied d'une paroi mortelle, entre alpinistes aguerris et jeunes étoiles de la grimpe, la rivalité va conduire à la tragédie.
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