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Un jour de 1956, Jacqueline de Segonzac sent un brouillard angoissant envahir son esprit. Puis c'est la plongée, le noir. Il lui faudra presque vingt-cinq ans pour conjurer les intimes démons que sont les manifestations de la psychose maniaco-dépressive, avec l'aide, en dernière instance, d'un médicament salvateur, les sels de lithium, et du grand dévouement d'une psychiatre. Des années d'enfer ; huit internements, plusieurs tentatives de suicide, deux douzaines d'électrochocs, trente comas insuliniques et les insupportables alternances d'excitation délirante et de dépression ; et de richesse affective ; les rapports avec ceux qui, dans son entourage et parmi ses amis, ont compris, soutenu sa terrible lutte solitaire.
J. de Segonzac doit beaucoup aux autres, et tout à elle. Son courage, sa lucidité, son refus absolu de s'apitoyer sur elle-même, son obstination à écrire son histoire au jour le jour forcent l'admiration, une admiration qui se partage entre la femme et la narratrice. Car c'est un écrivain authentique qui parle ici. De son voyage au pays de la démence, celle qui dit : « Devenir fou, ce n'est pas perdre la tête, c'est perdre son corps » a rapporté un témoignage unique sur la souffrance mentale.
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