"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«Edwin Sutherland a inventé la fiction du délinquant idéal et caractérisé son comportement par la performance (les avantages qu'il retire de ses délits), la discipline (l'endurance face à l'épreuve pénale) et la solidarité à l'endroit des compagnons de route. On s'étonne aujourd'hui que cette fiction ait suscité l'engouement - assez éphémère - des sociologues et qu'elle ait même influé, au tournant des années 1950, sur la criminologie elle-même. Les fictions théoriques indisposent le sens commun parce qu'il est facile de trouver de nombreux cas qui les contredisent. Celle de Sutherland heurte aussi, par sa complaisance cynique, le sens moral. Mais son influence s'est rapidement estompée à la fin des années 1960. La criminologie contemporaine examine les délinquants à travers les réactions défavorables qu'ils suscitent. La sociologie criminelle américaine des années 1940 et 1950 examinait la société à travers le regard que les délinquants portaient sur les réactions favorables à leurs comportements. La fiction du délinquant idéal était-elle inutile? La criminologie a-t-elle gagné en maturité scientifique ou en probité intellectuelle en s'en débarrassant? Je propose dans ce livre de répondre à ces questions.» P. T.
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