"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En chroniquant la vie de deux générations d'une famille ouvrière de la région des grands lacs entre 1931 et 1974, Joseph Coulson s'inscrit d'emblée dans la tradition du " grand roman américain " naturaliste. Mais c'est à travers le prisme de sa sensibilité de poète que l'écrivain évoque le destin des frères Tollman, ballottés par l'histoire - de la grande dépression à la guerre du Vietnam. La nature, et notamment la région des grands lacs où prend place l'intrigue, les intermittences du coeur, les aspirations et les échecs, sont ici dépeints sur un mode mineur, donnant à cette ample fresque une tonalité automnale et mélancolique. L'humour et l'ironie n'en sont pourtant pas absents, révélant l'acuité du regard et la précision du trait.
L'histoire commence à Cleveland en 1931. Stephen Tollman, le narrateur adolescent, raconte le moment où le destin de la famille bascule : le père, réparateur de radios, perd son emploi, et les Tollman sont contraints de s'installer sous une tente de fortune. Stephen grandit entre moqueries à l'école et aventures champêtres avec Phil, le grand frère charismatique et adoré, alors que leur mère, Jessica s'efforce de cacher à tous sa progressive cécité. Le père, lâche et inconsistant, fuit ses responsabilités, jusqu'à fuir réellement. L'année s'achève sur une tragédie : la petite soeur, Margie, se noie dans un réservoir où elle avait l'habitude d'aller regarder des canards.
La deuxième partie du livre se déroule quelques années plus tard, à la veille de la seconde guerre mondiale. Katherine Lennox, une jeune femme belle et entreprenante, brillante pianiste qui gagne sa vie dans un petit magasin de musique de Cleveland, évoque sa rencontre avec le timide Stephen dans la librairie où il travaille. Le jeune homme la présente à sa mère : celle-ci, devenue complètement aveugle, vit désormais seule à Cleveland. Mais la pâle idylle se dénoue quand survient Phil : Katherine se laisse conquérir par le fougueux grand frère. L'histoire tourne court quand Phil, sans la prévenir, part s'engager dans l'aviation à Detroit.
James, le second fils de Philip et de Carrie Ann, une jeune femme rencontrée à Detroit, est le narrateur de la troisième partie, qui se passe en 1968. On découvre l'homme amer et violent qu'est devenu Phil. Depuis la guerre dont il a vécu les atrocités, il travaille dans une usine de voitures et sombre peu à peu dans l'alcoolisme. James voue en revanche une grande admiration à son oncle Stephen qui incarne aux yeux du jeune homme la sagesse et la raison manquant à son père : la crise majeure survient peu avant le départ au Vietnam de Paul, le frère de James.
La dernière partie du roman se déroule en 1974. C'est à nouveau Stephen qui raconte. Cet homme mélancolique est hanté par le souvenir de la femme de sa vie qu'il n'a pas réussi à garder, et par le regret de n'avoir jamais su réaliser ses rêves d'écriture. Il évoque la tristesse violente de son frère, et la mort de leur mère. Les funérailles se passent dans une atmosphère d'échec et d'amertume.
Dans ce roman polyphonique, Joseph Coulson rend palpable le déclin d'un monde que représentent bien, chacun à sa manière, Phil et Stephen Tollman : le grand rêve américain s'effiloche dans un quotidien plutôt désabusé.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !