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1904 : en plein conflit entre modernité et académisme, éclate à Paris la «guerre du concerto», qui opposa les défenseurs et les détracteurs de ce genre illustré par les plus grands compositeurs, de Bach et Mozart à Beethoven et Schumann. Le concerto pour piano souffrit particulièrement de cette querelle, qui consista concrètement à siffler en public toute exécution en concert d'un morceau de ce type. Au-delà de l'anecdote - un véritable procès relaté par la presse parisienne -, c'est la condamnation de la virtuosité romantique qu'il faut lire à travers ce geste excessif. Tandis qu'émerge un post-romantisme de plus en plus grandiloquent, les esprits d'avant-garde aspirent à une transformation radicale de la musique du siècle précédent, jugée superficielle. C'est mépriser un peu vite les chefsd'oeuvre composés en France par Saint-Saëns ou - moins connus - Hérold, Pierné, Jaëll, Dubois. Cet ouvrage collectif retrace l'évolution du concerto pour piano en France entre l'arrivée de Chopin (vers 1830) et la Première Guerre mondiale. Il rappelle d'abord l'influence des compositions germaniques signées Beethoven, Weber ou Schumann, acclimatées plus ou moins rapidement à l'esprit français. Ce sont ensuite trois types d'adaptations du genre dans les concerts qui sont étudiés : Yannick Simon analyse la récurrence du concerto pour piano au sein des grandes sociétés parisiennes, Étienne Jardin révèle la complexité d'en programmer en province et Henri Vanhulst observe la postérité des ouvrages français dans le panorama belge d'avant 1914. Un dernier ensemble de textes se concentre sur diverses options adoptées par les compositeurs au tournant des xixe et xxe siècles : de l'académisme de Massenet à l'exotisme de Saint-Saëns, pour aboutir à la modernité de Fauré et Debussy. Vers 1900, certains prophétisaient la disparition imminente du genre, comme Jean Marnold écrivant que «le concerto est mort et bien mort depuis que la virtuosité pure nous indiffère» (Mercure de France, 1907). Les programmations internationales du xxie siècle de même que - plus modestement - le présent livre montrent bien qu'il n'en fut rien.
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