"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Paris, mars 1793. Le Tribunal révolutionnaire vient d'être institué et la Terreur est proche. Marie-Antoinette, prisonnière au Temple, attend son procès sans trop d’espoir. Cependant, les gardes nationaux chargés de sa surveillance redoublent de vigilance : le Chevalier de Maison-Rouge, fervent royaliste adorateur de la reine, rôde, combinant très certainement un plan d’évasion pour sa souveraine emprisonnée. Maurice Lindey, fidèle serviteur de la révolution, va se trouver entraîné malgré lui dans un terrible complot, et, par amour pour la belle Geneviève, malheureuse femme de Dixmer, l’un des complices du Chevalier, il en viendra à trahir ses convictions. Pour lui et son fidèle ami Lorin les conséquences seront terribles. Fouquier-Tinville, l’accusateur public, ne les laissera pas s’échapper, et la guillotine deviendra plus qu’une lointaine menace…
Admirable serviteur de l’histoire, Dumas parvient à charmer ici avec son histoire d’amour tragique en pleine révolution, avec le thème facile de l’amour impossible entre une royaliste et un républicain. Pourtant, malgré un thème rebattu, il s’en sort admirablement en y associant des histoires de complots pour délivrer la Reine. En prenant quelques libertés avec la réalité, il arrive à nous faire ressentir l’atmosphère de l’époque, la crainte des dénonciateurs, la méfiance entre les citoyens, la police de la pensée pouvant conduire à perdre la tête après un procès expéditif. Il use habilement, comme le souligne l’édition de Sylvie Thorel-Cailleteau que je possède, des comparaisons avec l’Antiquité, glorieuse, pour mieux rabaisser les prétentions des révolutionnaires emportés par leur paranoïa ou par une inextinguible soif de sang.
Cependant, ce n’est pas à mes yeux le meilleur Dumas, loin de la perfection du cycle des Valois ou de celui des Mousquetaires, trop de personnages manquent de profondeur, le héros Maurice est un peu trop parfait, idem pour Geneviève, seul le caractère de Lorin s’en démarque. Et l’intrigue est à l’avenant, inégale. Mais cela reste un bon cru, distrayant et instructif, où l’on sent le souffle épique de la période terrible que fut notre révolution.
L'amour pour sa reine peut mener très loin, comme le découvrira un chevalier royaliste.
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