"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Après avoir suivi la campagne présidentielle, Mathieu Sapin fait des pieds et des mains pour s'incruster à l'Élysée. Baladé d'un bureau de communiquant à l'autre, il finit par envoyer un SMS à François Hollande lui-même pour obtenir l'autorisation. Le président le reçoit, accepte le projet et introduit Mathieu au « château », comme l'appellent ceux qui y travaillent. Un reportage exceptionnel, réalisé de l'intérieur, sur le fonctionnement de l'Élysée et la vie mouvementée de son célèbre occupant.
Regardez la couverture de l'album. Le bonhomme en bas à droite, c'est l'auteur arrivant dans notre haut lieu du pouvoir français. Petit, l'oeil aux aguets, sachant se fondre dans les couloirs et les ors du lieu, il notera tout. Personne ne se méfie de quelqu'un qui ne brandit pas de micro ou de caméra. on parle devant lui sans trop de crainte, il se glisse facilement derrière un groupe. Mais, où d'autres se seraient servis de cette multitude d'informations glanées au fil des mois pour nous balancer un livre choc (et donc forcément chic), Mathieu Sapin, lui, croque, dessine de la façon la plus objective possible, sans appuyer le trait, juste quelques petites flèches précisant des noms de personne ou des petits faits pas facilement illustrables (les bruits, la hauteur d'un ton de voix,...) au coin des cases. C'est finement observé et laisse libre au lecteur de faire son interprétation. Je ne dis pas que son oeil est totalement objectif (impossible) mais on le sent sain et sans affect. Et l'on parcourt ces 130 pages avec gourmandise. Car, en plus de nous remémorer une actualité proche mais déjà si lointaine, il nous apprend quand même des choses (enfin à moi qui ne suis pas un spécialiste des coulisses du pouvoir ni un aficionado des émissions de Stéphane Bern ). Alors, en vrac, j'ai découvert la précision millimétrée de la mise des couverts d'un dîner officiel, quelques petits secrets des caves de l'Elysée et ces bouteilles de saké laissées par les Chirac, les dessous des décors de la table du conseil des ministres ou les prises de tête des décorateurs pour une simple annonce d'un quelconque ministre. Au fil des pages, il croque avec empathie tout ce personnel entièrement dévoué au bon déroulement de la vie à l'intérieur de ce " château". Mais en notant tout, et sans en avoir l'air, il dresse un portrait fabuleux de tout ce monde qui semble vivre dans un univers clos et replié sur lui-même alors que la vraie vie ne franchit jamais ces lourdes portes soigneusement gardées. Mathieu Sapin fait bel et bien un métier de journaliste, un peu comme un Guy Delisle dans " Chroniques de Jérusalem" , le talent et une moindre connivence en plus. D'ailleurs, pour rester sur le thème des journalistes, ils sont ici croqués sans ménagement et il raconte ce que la profession ne dit jamais.
En fait, l'album fourmille de tellement de détails de toutes sortes que c'est un véritable régal. Plus agréable et facile à lire qu'un essai classique, bien plus impertinent et largement aussi documenté, ce "château" mérite amplement la visite. Ce n'est pas déductible des impôts mais c'est tellement bien que c'est un achat que l'on ne regrette assurément pas, le plaisir y est trop grand !
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Impossible de lire un tel livre. Cela donne des boutons voire des nausées en pensant comment nos impôts sont dilapidés ( il n'y a pas d'autres mots). Un peu de pudeur ne ferait pas de mal. Je ne peux plus lire de livre sur ce type alors qu'il a y a 3,5 millions de chômeurs. De gauche comme de droite, il serait légitime de respecter les contribuables qui laissent un voire deux mois de salaire pour que certains prônant l'égalité républicaine en profitent plus que d'autres ( et pour cela tous les prétextes sont bons). La république doit être respectée mais les citoyens aussi et en particulier ceux qui contribuent à faire reluire ses dorures.je préfère lire les livres sur ceux font progresser la science et la connaissance. Un citoyen libre.