"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'autre jardin est au bout de la rue. Dans une petite ville anglaise. Un jardin
parfait, dessiné par le père du jeune narrateur. Au fond, non loin de la
rivière, une grille donne dans une rue où se dresse une vieille maison habitée
par Dodo Bassett, la soixantaine éclatante, avec laquelle le jeune homme de
treize ans au début du récit découvre le cinéma. Le long de la même rivière se
dresse Watermaid, une petite maison à laquelle on accède à travers champs et où
logent les Desmarest, amis de Dodo. Kay, la fille de ces bourgeois patriotes,
est aussi exaltée que farouche. Rêvant de cinéma et de stars, elle sera le
personnage central de la nouvelle. Sybil, la mère, s'ennuie. Charlie, le père,
est sourd et revêche. Tous les deux se montrent la plupart du temps hostiles à
leur fille qui n'a qu'une hâte: fuir la maison. Le frère, Sandy, est drôle,
vaguement acteur de théâtre, trop beau pour être honnête selon la rumeur.
Lorsque la guerre éclate, Kay et le narrateur, gagné par un même désoeuvrement,
se rapprochent. Bien que de dix ans plus jeune qu'elle, il devient son
confident. Kay, forcée de regagner la maison de ses parents, erre dans le
village à la recherche d'un endroit où s'échapper et d'un travail tout aussi
improbable (vendeuse de chapeaux, figurante dans des films, cantinière...). En
juin 1942, le jeune homme entre à Oxford et se lie avec des étudiants en art,
parmi lesquels Denis Bellamy, brillant, généreux et extravagant, qui
l'introduit dans le milieu artistique et mourra plus tard de la tuberculose. Il
continue à voir Kay ; elle a pris un amant de passage, un GI calme et courtois.
Lorsqu'il la quitte, elle abandonne tout effort de séduction et, poussée par
une sorte de fierté romantique, se laisse aller, maigrit, trouve un emploi à la
Croix Rouge, se lie d'amitié avec Denis Bellamy qu'elle retrouve au sanatorium.
De son côté, le narrateur est mobilisé. Il découvre la vie à la caserne, qui se
termine à l'hôpital à cause d'une mauvaise chute. La fin de l'année le voit
revenir chez lui, dans son village occupé par les soldats américains. En 1944,
Kay, malade et toujours aussi exaltée, quitte définitivement ses parents. Elle
se réfugie avec un chien errant auquel elle porte une affection démesurée chez
une vieille connaissance, à Londres. Elle va y vivre encore quelque temps,
fidèle à sa liberté, avant d'être emportée de tomber définitivement malade et
de mourir à l'hôpital, entourée de son seul frère. Francis Wyndham est né à
Londres en 1924. Après des études à Eton, il contribue au Times Literary
Supplement puis travaille aux éditions André Deutsch. On lui doit notamment la
découverte de V.S. Naipaul, Bruce Chatwin, Jean Rhys. Plus tard, il rejoint la
rédaction du Queen Magazine puis, en 1964, celle du Sunday Times jusqu'en 1980.
En 1974 est paru Out of war, un recueil de nouvelles écrites au cours de son
adolescence. Il revient à l'écriture dans les années 1980 avec Mrs Henderson et
autres nouvelles, paru en 1985 puis L'autre jardin (1987), pour lequel il a
reçu le Prix Whitbread du premier roman. Il vit à Londres. Francis Wyndham est
un grand ami de Lucian Freud, qui a fait son portrait. Ce tableau sera présenté
au printemps 2010 au Centre Pompidou dans le cadre de la grande exposition
consacrée au peintre. Dans un style parfaitement classique, élégant et raffiné,
comme le jardin qu'il décrit, sur fond de guerre, de désespoir et de maladie,
Wyndham raconte l'attachement d'un très jeune homme pour une femme dont
l'étrangeté et l'exaltation sont presque toujours teintées d'une ironique
mélancolie. Et c'est sans doute cette mélancolie, si bien suggérée, qui domine
tout le texte et donne au lecteur l'impression d'entendre « la voix calme,
laconique de Kay, de voir sa silhouette s'avancer de sa démarche « canaille »
au pas décidé et faussement assuré. « Magnifiquement écrites, débordantes
d'une émouvante honnêteté, ce sont des histoires à savourer, à relire ».
Christina Koning, The Times « Si cette édition tient en si peu de mots, c'est à
cause de son refus admirable d'en gâcher un seul. Ce sont de douces histoires
comiques sur l'inaction, reflétant l'expérience de l'auteur, qui s'est fait
destituer de l'armée durant la Seconde Guerre mondiale ; la plupart se situent
dans des bourgs ensommeillés de la région de Costwold, avec un peu comme chez
Jane Austen, une conscience des grands événements qui se déroulent ailleurs. »
The Guardian « Ces nouvelles sont subtiles et sophistiquées, offrant au lecteur
des heures de pur plaisir ». Peter Burton, Daily Express « L'ensemble du
recueil est étonnant : infaillible, profond et d'une douceur désarmante. Sans
aucun doute, Wyndham est un maître de la forme». Olivia Lang, The Observer PAGE
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