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Une amitié interdite dans la Louisiane raciste des années 30...
William est un enfant peu doué. À l'inverse, Abelard a des capacités intellectuelles hors normes. Mais il ne peut aller à l'école : les Noirs n'y sont pas acceptés. Entre les deux enfants, un pacte est scellé. Abe aidera William pour ses devoirs, et ce dernier lui trouvera toujours du travail. William gravit ainsi tous les échelons de la société locale, fondant sa propre entreprise dans laquelle Abe, l'homme à tout faire, prend les décisions dans l'ombre. William se décidera-t-il à donner à Abe la place qui lui revient, à placer un « nègre » dans son fauteuil ? Une amitié d'enfant, si forte soit elle, peut-elle survivre à de telles tensions ?
Chronique précédemment publiée sur le blog sambabd.be
C’est un joli numéro d’équilibristes auquel se prêtent les auteurs de cette jolie BD. En effet, comment parler d’un sujet aussi grave et sérieux que le racisme sans tomber dans les clichés et une forme de bons sentiments ? C’est pourtant ce que font assez brillamment Stéphane Louis et Lionel Marty à travers cette histoire d’amitié pas comme les autres.
Bien sûr, ne nous y trompons pas, le contexte social et politique de cette Amérique de l'entre-deux-guerres est très, mais alors très défavorable aux afro-américains (c’est un euphémisme !). Mais, pour le reste, rien n’est tout blanc ou tout noir… Le père de Will, s’il est bien une horrible brute raciste, membre du Ku Klux Klan (avec du sang sur les mains), ne porte pas moins un amour paternel très fort à son fils, ce qui tendrait presque (j’ai dit « presque ») à l’humaniser. La mère d’Abe, si elle fait bien partie de la communauté noire maltraitée avec une violence extrême (disparitions, lynchages…) dans cette société américaine dominée par les blancs (on est en Louisiane), n’en est pas moins également raciste, par réaction, certes (et on peut la comprendre), mais raciste tout de même. Je ne vous parlerai pas de la mère de Will qui, durant les quelques cases où elle apparaît, ne donne aucune prise pour la raccrocher au genre humain…
Il s’agit bien là du numéro d’équilibristes dont je parlais un peu plus haut : arriver à raconter cette histoire d’amitié aux allures impossibles entre deux enfants, un blanc et un noir, en gardant le contexte social bien présent, tout en montrant les difficultés de coexister, y compris et surtout pour ceux qui le souhaitent par-dessus tout, mais sans non plus renvoyer dos à dos les deux communautés ce qui serait un mensonge historique. Bref, ce n’est vraiment pas évident. Au risque de me répéter, Louis et Marty semblent y parvenir dans cet ouvrage.
L’histoire d’Abe et Will est servie par le joli dessin de Lionel Marty appuyé par les couleurs de Vera Daviet. Le tout est très agréable à l’œil. Les cadrages sont bien travaillés et la lisibilité est très bonne. Du très bon boulot de ce côté-là également.
En bref, Une BD très sympa sur un sujet pas facile. Un grand bravo aux auteurs.
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