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Récusant la thèse simpliste de Goldhagen qui fait de chaque Allemand un bourreau volontaire, non moins que le modèle totalitaire hérité d'Hannah Arendt, présentant une population absolument soumise, Eric A. Johnson entend cerner le véritable cadre de la terreur nazie, autrement plus complexe.
Fondé sur le dépouillement de très nombreux dossiers de la Gestapo et des tribunaux, cet ouvrage pionnier met en lumière les rouages de la justice et de la répression. S'il fait ressortir les responsabilités de chacun, il montre aussi la part de liberté que conservaient les citoyens. On découvre ainsi une population beaucoup plus encline à transgresser certaines lois, voire à élever des protestations, qu'on ne l'imaginait. En dehors des victimes désignées par le régime, les Allemands gardaient une marge de manoeuvre. C'est vrai du citoyen ordinaire, mais aussi des officiers de la Gestapo. A travers des études de cas très fouillées, on voit comment la psychologie ou l'inclination personnelle d'un officier de la Gestapo pouvait décider du sort d'un accusé. Eric A. Johnson souligne aussi le nombre important d'affaires déclenchées par des initiatives locales, la Gestapo n'entrant en scène que dans la traque des victimes désignées, les Juifs par exemple.
Loin des clichés d'un régime de terreur et d'un peuple victime, le grand mérite de ce livre est de donner des éléments d'appréciation de la culpabilité de chaque Allemand, et non plus du seul régime.
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