"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«La nuit qui retouche les portraits (qui change les vers en prose et le rêve en fait divers), la nuit à l'oeil louche a glissé sous ma porte la photo agrandie des morts : des oiseaux aveuglés par le jour, des épouvantails en costumes du dimanche, et derrière un comptoir en bois des îles un Baudelaire à la beauté créole, à la chevelure crantée comme sur une photo de Carjat. Puis tous ceux qu'on montre du doigt quand on ne sait plus leur nom, comme des étoiles mortes ou des cousins par alliance : l'homme au front dégarni, la femme en col de fourrure, l'enfant rêveur dans son manteau d'hiver.
Dans la chambre noire où la mariée devient veuve, et les garçons d'honneur de drôles de fantômes au bras d'éphémères demoiselles, j'ai vu des têtes préparées pour la mort au milieu de chemises blanches, et la ramure d'un cerf dans le papier à fleurs. Sans meute ni rabatteur, la mémoire aime chasser dans le noir et rapporter des proies vivantes, des massacres ornant les murs de nos chambres et le dessus de nos buffets.» Gérard Macé.
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