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La pensée contemporaine revendique l'héritage théorique de la philosophie transcendantale, c'est-à-dire, pour l'essentiel, la théorie de la connaissance et la théorie du jugement.
En revanche, nul ne reprend sans précaution la philosophie transcendantale pratique, suspectée selon les uns de s'être fourvoyée dans un formalisme sans âme et, selon les autres, de s'être égarée dans d'obscures spéculations. Curieux destin de l'idéalisme transcendantal que celui révélé par l'hiatus entre sa réussite théorique et sa défaite pratique. Car enfin, la philosophie transcendantale voue à la liberté une passion véritable, qui explique notamment la place centrale du concept dans tous les systèmes idéalistes, et l'affirmation sans cesse répétée de la primauté de la raison pratique sur la raison théorique.
C'est ce pourquoi le projet de la philosophie transcendantale ne consiste pas à conquérir une nouvelle idée de la liberté, âprement gagnée contre le dogmatisme, mais à réfléchir sur les conditions de la réalisation concrète de la liberté dans le monde. L'étude présentée ici a une double visée historique et systématique. Sur le plan historique, il s'agit de retracer les aventures de la liberté dans le champ, toujours ouvert, de la philosophie transcendantale, en examinant comme autant de sommets de la pensée pratique ces auteurs de génie que sont Kant, Fichte, Schelling et Husserl.
Parallèlement à l'examen chronologique, dont la vertu immédiate est d'offrir une vision vivante des thèses qui s'affrontent, se repoussent ou se synthétisent, l'ouvrage propose également une lecture originale du débat idéaliste sur la liberté. C'est que la pensée transcendantale se divise entre deux conceptions singulièrement différentes de la liberté. La première, promue par Kant et, dans une certaine mesure, par le jeune Schelling, s'appuie méthodiquement sur le jugement réfléchissant et fait de la réalisation de la liberté une espérance dans un règne des fins.
La seconde, soutenue par Fichte et, en un sens, par le dernier Husserl, se fonde méthodiquement sur une rationalité immanente de l'agir et voit, dans l'incarnation concrète de la liberté dans le monde historique, la manifestation de la créativité de la vie. Mais cette fracture n'est-elle pas ce dont hérite finalement la pensée contemporaine, tiraillée entre l'espérance d'une communication sans contrainte et l'éthique des formes de vie ?
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