"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La Machine ne cligne jamais des yeux revient sur les origines de la surveillance et de l'espionnage.
Nous vivons dans une société où micro, caméras, cookies, big data, cartes à puces et GPS récoltent nos données, avec ou sans notre consentement.
Quel en est l'impact sur notre vie privée, et notre dignité ?
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Alors… Euh… Non… Vraiment pas… Je n’ai pas du tout accroché à cette BD. Il faut dire qu’elle m’a fait l’effet d’un sacré gâchis. Un gâchis parce que le sujet abordé est des plus intéressants. Malheureusement, autant le fond que la forme ne m’ont pas convaincu, bien au contraire.
La forme d’abord. On est dans un noir et blanc plutôt minimaliste et, même, s’il n’est pas spécialement moche, le dessin est juste neutre. Et ce ne sont pas les trop rares touches d’humour qui vont me le faire apprécier plus. D’ailleurs, même si l’on est clairement dans une BD, on pourrait probablement plus parler d’illustrations tant les codes de la BD sont loin d’être vraiment mis en œuvre ici. Accessoirement, les cases sont bien trop souvent surchargées de cartons descriptifs, ce qui rend la lecture graphique et la lecture tout court vraiment indigestes…
Mais le pire reste le fond. Comme je vous le disais en introduction, je trouve ce sujet particulièrement intéressant, mais la façon dont il est ici traité ne me convient pas du tout.
D’abord, malgré le résumé en quatrième de couverture qui parle du Cheval de Troie, il s’agit avant tout d’un ouvrage très américano-centré. Résultat, même si nous sommes tous concernés par la partie sur les GAFAM et, dans une moindre mesure sur la NSA, et la CIA, tout ce qui concerne les mouvements des Droits Civiques américains (aussi admirables furent leurs combats), le FBI, Occupy Wall Street ou les lois de surveillance post 11 septembre, sans parler du Maccarthysme ou des grèves du début du XXème siècle, tout cela aura tendance à moins parler à un lecteur européen (même si tous ces sujets sont intéressants à creuser, et c’est un ancien étudiant de lettres et civilisation anglo-américaine qui vous le dit…).
Ensuite, c’est la façon dont ces sujets sont traités qui me gêne. En effet, nous sommes ici en présence d’une BD qui n’est ni plus ni moins qu’un pamphlet. Tout est « à charge » et quasiment aucune nuance ne vient tempérer un minimum le propos de l’auteur. On assiste ainsi à un (TROP) long enchaînement de griefs envers nos dirigeants (enfin, pour 95% les dirigeants nord-américains) avec un seul leitmotiv : « Nos libertés individuelles avant toute(s) autre(s) sorte(s) de considérations(s) ». Rien (ou trop peu) n’est vraiment dit sur les raisons qui poussent parfois ces fameux dirigeants à monter le curseur de la surveillance bien trop haut. On a juste l’impression que les auteurs dénoncent une sorte de gros complot des élites politiques et économiques pour garder la mainmise sur le pouvoir au moyen d’une surveillance toujours plus renforcée des populations. A mon sens, ce genre de position décrédibilise ceux qui les tiennent. Accessoirement, j’ai beaucoup de mal à avoir de l’empathie pour un personnage présenté comme positif mais qui arbore un tatouage d’un amérindien (dans le style de Sitting Bull) disant « à bas l’homme blanc ! »… Le racisme c’est mal, et ce, dans tous les sens…
Je pourrais continuer encore un moment avec ce titre mais ça passerait pour de l’acharnement… En même temps, il m’en a fallu de l’acharnement pour la lire en entier… Surtout l’un des tous derniers passages, celui concernant les gars du mouvement Occupy Boston et qui n’apporte vraiment pas grand chose au Schmilblik…
Bwef… Tout ceci est bien dommage car il y avait clairement mieux à faire sur le sujet.
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