"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un livre-choc, à l'indéniable puissance narrative, mais aussi un "livre-médecine", exceptionnel et salutaire, qui met sur ce que vivent et éprouvent les victimes d'inceste des mots justes. Parce qu'elle a tenu à garder l'anonymat, l'auteure de «Jours d'inceste» porte la parole de toutes celles qui ne peuvent ou n'osent encore parler. Ce qu'elle décrit de l'intérieur avec sa voix unique, et qu'elle a enduré de la petite enfance jusqu'à l'âge de 21 ans, pourra choquer ceux qui refusent de savoir. Les autres, tous les autres, les victimes d'inceste comme les thérapeutes, reconnaîtront dans cette histoire vraie et terrible la vérité sur une emprise absolue, la vérité sur le tabou des tabous.
Chronique différente de ce que je vous propose habituellement. Vous me comprendrez sans doute au vu du sujet particulièrement difficile.
J'ai toujours lu des témoignages. La vie réelle est souvent bien plus horrible que n'importe quelle fiction. Elle ajoute à l'horreur la culpabilité, la souffrance, la peur de l'avenir. Est ce que ces personnes ont raison de mettre leur vie sur papier et partager cela avec le plus grand nombre ? OUI.
Qu'il s'agisse de la petite enfance, de guerre, de discrimination, de violence, tout témoignage est nécessaire pour ne pas se mettre des œillères. Mais plus encore, se rendre compte d'une réalité non fantasmée. Dans un roman, on peut mélanger la réalité et fiction, on peut prendre un fait divers et extrapoler autour. Mais des agressions, cette souffrance qui s'accroche au corps et ne se détache pas, on aimerait plutôt se dire qu'on a tout inventé et ne pas faire face à cette réalité. Mais que reste-t-il lorsqu'une vie est brisée ?
J'ai été profondément peinée et choquée de ce texte et il m'a fait me poser diverses questions. Comme pour le livre "La démesure" de Céline Raphaël, je n'ai pas d'avis sur le livre en lui-même, son écriture ou son style. Cela serait manquer de respect à la souffrance et au témoignage de cette personne. Il y a des éléments particulièrement choquant et l'auteur choisit de les révéler de façon anonyme pour se protéger et protéger l'équilibre sans doute qu'elle a su se bâtir.
C'est le premier témoignage que je lis où il est ouvertement question du "plaisir" physique lors d'une agression. Ce qui est dit est cru, choquant, source de malaise pour le lecteur. Mais c'est un fait, et la victime (car il s'agit ici d'une VICTIME) doit vivre avec ces abus ces sensations dans son corps et dans son âme. Elle égrène les souvenirs, et les conséquences sur sa vie adulte et surtout sur ses relations avec les hommes.
Elle n'évoque pas vraiment la façon dont elle a surmonté ces traumatismes. Elle nous fait part des faits, simplement des faits. Et ce qui m'a le plus chagriné, où les larmes me sont montées aux yeux, c'est l'incapacité de trouver de l'aide malgré les personnes à qui elle en a parlé. POURQUOI ? Je peux entendre qu'il n'est pas facile d'écouter les victimes. En tant qu'infirmière, j'en ai recueilli des mots douloureux. Mais comment peut-on tourner le dos à un enfant en souffrance ? D'autant plus quand il s'agit de sa mère ?
Ce témoignage n'est pas simple pour ses mots, pour ce qu'il évoque, pour ce qu'il referme. Et pourtant, oui, je persiste, il est nécessaire de laisser aux victimes un endroit ou déposer leur témoignage (pas leur plainte, cela est une autre histoire). Il est important que personne n'oublie que cela arrive, parfois dans des familles insoupçonnables. Récemment encore, un participant à un jeu télévisé a révélé son visage… Consulter des images à caractère pédopornographique, c'est une autre manière d'abuser les enfants. À mes yeux, cette population d'agresseur n'a aucune âme…
Maintenant, j'aimerais exposer une crainte. À la lecture de ce livre, à la vue de ce que la victime expose, révèle, j'ai peur… Car il n'y aura pas que des personnes bien intentionnées qui liront ce témoignage et ça me fait mal de le penser…
En France, l'inceste ne fait pas parti du code pénal. Il devrait. À lui seul, ce mot révère une quantité d'horreur, de solitude et de souffrance.
Un site qui peut être consulté pour toute victime d'inceste : https://aivi.org/ Association internationale des victimes de l'inceste.
Ne pas fermer les yeux.
https://lecturedaydora.blogspot.com/2019/04/jours-dinceste-anonyme.html
Durant toute son enfance et son adolescence, l’auteure, qui a fait ici le choix de rester anonyme, a été violée par son père. Dans ce récit court et percutant, elle nous livre en vrac ses souvenirs.
Ses propos m’ont heurtée, déstabilisée, bouleversée. L’auteure ne nous épargne rien et parle sans concession allant jusqu’à aborder le plaisir qu’elle a éprouvé durant ces moments-là.
Pendant toutes ces années d’horreur, son père s’est emparé de son corps et de son esprit. Sa vie a été ravagée par cette relation incestueuse.
Un témoignage fracassant, insoutenable avec ce récit qui brise les tabous. Une lecture difficile mais importante car elle sensibilise à un sujet malheureusement toujours d’actualité.
Très difficile de chroniquer ce livre, d’ailleurs, je me suis demandée si j’allais en parler.
Pourquoi faire l’impasse sur ce récit ?!
Le partage de la lecture sert aussi à informer, à sensibiliser, à faire connaitre des thèmes qui sortent parfois de notre zone de confort !
Sujet RAREMENT abordé de cette façon et aussi « poussé » sur les répercutions que cela peut avoir sur une victime touchée aussi jeune. C’est brutal et très souvent choquant, je dois bien le dire.
Car derrière l’inceste, derrière ce tabou, il y a toute une dimension inextricable que l’on ne peut même pas soupçonner !!! L’inexplicable de l’horreur absolue.
AUCUN jugement n’est possible ou envisageable !
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J’ai trouvé pertinent de recopier ci-dessous,et pour ceux qui n'ont pas la possibilité de lie l’article paru dans le magazine des libraires (Automne 2017), car il est très bien écrit et pertinent. Il dit l’essentiel…
« De 3 à 21 ans la narratrice a survécu à l’indicible l’inceste. Violée par son père pendant tant d’années, son corps ne semble jamais lui avoir appartenu. Car au-delà du drame qui aura dévasté sa vie psychique et sexuelle, cette relation incestueuse détruira à jamais son estime de soi, ainsi que la possibilité d’une relation saine et équilibrée avec un partenaire.
Jours d’inceste est un récit choc, sans fard, souvent dérangeant et vulgaire.
Mais peut-on s’exprimer différemment la violence de cette relation ? Cette trivialité retranscrit avec les mots la dureté de cette expérience. Admirablement bien construit, le lecteur assiste à la mise en place d’un syndrome de Stockholm et au complexe psychanalytique de L’Œdipe, et se désole de la tendance à reproduire de génération en génération ce qui a été vécu. Ce texte anonyme st sans nul doute un « livre médecine » qui au-delà de l’horreur vécue, montre avec quelques difficultés les victimes vivent sous une emprise absolue. Dure mais essentiellement vérité. »
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