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Abîmée par une longue relation sentimentale, une jeune femme décide de renouer avec sa sexualité et de faire de nouvelles rencontres. Son sésame : une application qui lui permet de contacter des inconnus directement depuis son smartphone pour partager, le temps d'une nuit, des instants de plaisir. Ses débuts sont hésitants, oscillant entre amusement, déception, voire ennui que ces rencontres lui procurent. Tandis qu'elle doit faire face au jugement de son père et à l'obstination de ses amis qui l'encouragent à se trouver un petit ami, la jeune femme cache sa fragilité derrière des comportements décomplexés et destructeurs.
Peu à peu, contre toute attente, elle parvient à recouvrer l'estime d'ellemême et à s'ouvrir à des relations plus profondes et sincères, constatant que la quête d'une simple entente sexuelle peut conduire à une lente exploration et appréhension de soi et de l'autre. Au carrefour de la fiction, de l'autobiographie et de la critique sociale, Je ne te connais pas de Cristina Portolano ébranle tout stéréotype ou moralisme facile sur le sujet en l'explorant avec légèreté, mais loin de toute superficialité. Adoptant un point de vue féminin, elle revendique la sexualité en en faisant un élément incontournable de la construction de soi et retrace avec une grande précision les plaisirs et les difficultés menant à la connaissance de l'autre.
A la fin du 19ème siècle Mallarmé écrivait :
« La chair est triste, hélas ! Et j'ai lu tous les livres.» En ce début de 21ème siècle je pourrais le paraphraser au sujet rencontres hommes/femmes en disant :
« La chair est triste, hélas ! Et j'ai cliqué sur toutes les applis.»
C’est ce que j’ai éprouvé en refermant ce roman graphique écrit par Cristina Portolano à la suite d’une déception sentimentale de son personnage principal. D’ailleurs à la lecture, j’avoue ne pas trop savoir si elle nous conte son expérience d’une appli de triste réputation ou si elle a romancé son propos. Mais peu importe car il est question ici du reflet de la maladie de notre époque ; l’objectification des rapports humains.
On ne fait plus connaissance…on like, on buzze, on matche. Gare à impudents qui voudraient dépasser les apparences & les faux semblants. La subtilité n’est plus de mise, désormais d’un simple geste vers la droite on devient l’élu(e) & d’un swipe vers la gauche on est voué(e) à l’oubli.
Au final on se déshabille plus vite qu’on ne se découvre l’un l’autre. Et c’est justement l’expérience amère que fera son personnage qui pensait que cette appli l'aiderait à oublier sa relation précédente.
Car loin de chercher l’amour, elle veut simplement être touchée par d’autres pour passer le cap de sa soudaine solitude et recouvrer une part de son estime emportée par son ex. Comme une drogue elle va très rapidement devenir accro à ces échanges qui lui offrent le temps d’une nuit sa dose d’euphorie et l’illusion de recouvrer le contrôle de sa vie.
Las la légèreté initiale cédera rapidement place aux interrogations et aux remises en question…et si finalement ces rencontres l’aideront à aller de l’avant, elles ne pourront être qu’une période transitoire pour réussir faire son deuil et de la place à une véritable relation.
Ici le propos est psychologique tout autant que sociologique mais il laisse un gout amer à qui ne fait pas parti des happy many qui ont trouvé l’amour pour réchauffer leur cœur. Un BD certes réussie mais trop proche de ma solitude pour que je puisse l’apprécier sans un brin de tristesse.
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