La première ébauche me paraissait achevée ! La version bêta sortit de l'imprimerie, et la première lecture après coup se finit par une réaction soudaine : comment ai-je pu juger bon de déchirer les feuilles du dernier chapitre de mon roman pour n'en garder qu'un simple résumé de ces pages sombres ? N'est-ce pas ironique de rassembler des feuilles arrachées d'un cahier de cours pour en faire un livre et de finir par en arracher quelques pages ? J'avais balancé ces feuilles et j'avais juré de les abandonner dans la boîte, car je ne voulais garder que les bons souvenirs et passer à la trappe tout ce qui en avait découlé. Un recueil dissimulé dans une obscure boîte à chaussures, fermée à double tour, pour qu'il ne ravive pas les pâles ombres des souffrances passées. Après la parution du premier roman, le goût de l'inachevé commença à me taquiner, et cela en devint une obsession. J'avais avoué les bons côtés de l'histoire et j'avais caché l'autre part de moi, celle qui me basculait dans l'excès de la vie...
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