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Ce livre traite de l'histoire du suffrage universel et de l'évolution des partis politiques. Jusqu'au milieu du 19è siècle, il semble que, même dans les pays à institutions plus ou moins parlementaires ou représentatives, les écrivains politiques n'aient fait aux partis, en tant qu'éléments actifs et organes essentiels de la vie nationale, qu'une très petite place, s'ils leur en ont fait une ; qu'ils n'en aient pas ou n'en aient que peu parlé. Ainsi Montesquieu et Delolme, dissertant, l'un brièvement en 1748, l'autre longuement en 1771, « de la Constitution d'Angleterre. » Ainsi encore Tocqueville, sur les États-Unis, en 1835. C'est seulement entre 1840 et 1850 que les théoriciens commencent à concevoir une histoire et presqu'une histoire naturelle, une espèce de physio-psychologie des partis. Non pas qu'auparavant il n'y eût point de partis : il y en eut partout et toujours, depuis qu'il y a des hommes, et qui se disputent pour se gouverner. Mais c'est seulement depuis que le suffrage s'est étendu, généralisé ; depuis que la masse à mouvoir, plus volumineuse et plus lourde, a exigé des ressorts plus puissants ; depuis que l'Etat est fondé sur le nombre et qu'il faut conquérir le nombre pour avoir l'Etat ; c'est seulement depuis lors que les partis politiques ont pris, dans la théorie comme dans la pratique, toute l'importance que nous leur voyons aujourd'hui...Dans les vieux temps monarchiques, il est arrivé plus d'une fois qu'un souverain parvenu au trône en bas âge, et bien éloigné de comprendre que la toute-puissance résidait en lui, grandissait dans une atmosphère énervante, indolent et nul en apparence, donnant à penser qu'il ne serait jamais apte à régner, et que des ambitieux exploiteraient le pouvoir en son nom. Un beau jour, on apprenait que le prince venait de se manifester par un de ces traits qui dessinent un caractère et révèlent tout un avenir, et alors c'était parmi les peuples une commotion profonde, parce que dans cet acte du mineur émancipé une génération tout entière lisait un changement de régime et des destinées imprévues. Quelque chose d'analogue s'est passé sous nos yeux. Nous avions aussi un souverain, né depuis une vingtaine d'années, assez mal élevé, quoique très flatté, ignorant, avec peu de moyens pour s'instruire, insouciant, crédule à l'excès, ayant peur d'agir, laissant tout faire par ses gouverneurs et ses ministres, si bien que ceux-ci pouvaient se promettre une longue veine d'omnipotence. Eh bien ! voilà tout à coup que le sournois s'émancipe : il montre par un éclat soudain qu'il est une force, qu'il sera bientôt une volonté, et qu'il faudra compter avec lui. Le maître absolu qui vient de se révéler, c'est le suffrage universel.
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