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Les cohortes grandissantes de touristes occidentaux qui vont périodiquement faire le plein de spiritualité en Inde ignorent que, depuis trente-six ans, des guérillas paysannes luttent contre le système social et religieux. Tout au plus connaissent-ils l'équipée de Phoolan Devi, cette femme tour à tour bandit et députée, qui fut assassinée en 1998. Lancé à la suite d'une révolte dans un village bengali, le naxalisme a connu son apogée à la fin des années 1970, mais n'a jamais disparu et reste très actif dans le centre-est du pays, malgré les répressions sporadiques. Parfois comparé au Sentier lumineux pour ses méthodes expéditives, ce réformisme armé procède par coups de main, redistribuant la terre et brûlant les actes notariés, comme le fit une fois l'anarchiste Malatesta en 1877. Il comble aussi, à l'instar des maoïstes d'avant 1949, certaines lacunes de l'Etat, ne serait-ce qu'en forçant médecins et instituteurs absentéistes à faire leur travail. Cet ouvrage est le seul qui couvre toute la période. L'auteur, retraité de la police indienne, juge le naxalisme comme « une tentative sincère, mais maladroite, de changer un système qui n'avait pas tenu ses promesses et ne défendait pas les intérêts de la majorité du peuple ».
Ce livre relate la naissance, l'évolution et l'actualité des mouvements naxalistes indiens, dans la lignée du maoïsme, et qui ont connu leurs périodes les plus intenses à leurs débuts (1967-1972) ainsi que dans les années 80. Leur activité est toujours assez importante dans certains Etats. La ligne politique initiale était "l'éradication des ennemis de classes" ce qui signifie notamment des assassinats de propriétaires terriens. Puis les modes d'action se sont diversifiés, jusqu'à la participation à la vie parlementaire. Certains groupes naxalistes ont entrepris des actions à la "Robin des bois". Ce livre a été écrit par un ancien policier indien : s'il désapprouve la plupart des actions des groupes naxalistes, il soutient totalement leurs revendications, dont le partage des terres. Il insiste sur les raisons sociales et économiques de ces révoltes. La condition misérable des basses castes, des Dalits ("intouchables") et des "tribaux" (peuples aborigènes) est en effet la source du mouvement naxaliste.
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