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Trop longtemps l'histoire de la Palestine s'est écrite autour de Jérusalem et dans la mémoire de l'exil, comme si Gaza n'en était qu'un théâtre marginal. Or cette bande de 360 km2 doit être replacée au centre : non seulement elle a vu grandir nombre d'acteurs déterminants, mais elle concentre une densité inégalée de réfugiés, à partir de 1948-1949. Cette enclave que l'Égypte refusa alors d'annexer devint un pôle d'affirmation collective, puis la matrice des fedayines. Ce bout de territoire, qui fut durant des siècles le carrefour des empires, zone de contact entre le Levant et l'Egypte, ne doit pas aujourd'hui être réduit à une « prison à ciel ouvert ». La guerre qui l'a ravagé à l'été 2014, après deux autres guerres en cinq ans, prouve que, sans règlement de la question de Gaza, il n'est pas plus d'avenir pour la Palestine que de sécurité pour Israël. Relire l'histoire de Gaza, c'est dès lors retrouver la voie de la paix entre les peuples d'Israël et de Palestine, sur la base de la coexistence de deux États souverains.Jean-Pierre Filiu est professeur des universités en histoire du Moyen-Orient contemporain à Sciences Po (Paris), après avoir enseigné à Columbia (New York) et Georgetown (Washington). Ses travaux sur le monde arabo-musulman ont été publiés dans une douzaine de langues. Son Histoire de Gaza a été saluée entre autres dans Le Monde (« Tout est parti de Gaza, tout viendra de Gaza ») et le Sunday Times (« Un chef-d'oeuvre dans la littérature du conflit israélo-arabe »).
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