Dans les débats éthiques contemporains, la réfl exion théologique est souvent marginalisée. S'il veut participer à la discussion publique, le théologien semble acculé à devoir endosser l'habit du philosophe ou de l'« éthicien naturel ». Mais en s'engageant dans cette voie, il est suspecté de contribuer à la sécularisation interne de sa discipline. Helmut Thielicke (1908-1986) a été parmi les premiers à avoir pris conscience de ce défi posé par la sécularisation à la théologie. Son projet théologique, qui cherche à déployer les implications sociales de la doctrine de la justifi cation, trouve là son orientation fondamentale. Il s'agit pour ce théologien luthérien de manifester la crédibilité de la foi en montrant qu'elle est capable de répondre aux interrogations de l'homme moderne et de lui apporter une aide pour orienter son agir. Le présent travail éprouve la cohérence et la valeur d'une proposition qui se veut théologique de bout en bout. Il honore pour cela les différents volets de la contribution de Thielicke : sa monumentale Éthique théologique (4 volumes), ses interventions publiques et sa prédication. Il montre que la réflexion théologique est un aiguillon pour l'éthique en affi rmant la permanence de l'exigence du bien. Une exigence nourrie et renouvelée dans l'expérience de la foi.
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