"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En fait, tout se passe bien. Comme dans un jeu macabre mais réglementé. Parce qu'à la fin personne ne meurt vraiment.
Une étudiante prend un homme en auto-stop sur une aire d'autoroute, un soir de 31 décembre, et entraîne l'inconnu dans une fête au Havre. Le lendemain, elle apprend le meurtre sauvage d'une fille qu'elle avait aperçue au cours de la soirée.
Quelques années plus tôt. Laszlo est inscrit à la Sorbonne. Il sèche les cours et, au bistrot, observe une étudiante penchée sur ses cours de criminologie. Laszlo est amoureux mais c'est avec d'autres filles à la peau diaphane qu'il passera ses nuits. Il n'oubliera jamais Alice, devenue inspectrice. À défaut de la posséder, il laissera sur ses scènes de crime ce que seule Alice pourra trouver.
Aussi touchant que glaçant, Havre nuit dit l'amour impossible entre deux êtres nés sous une mauvaise étoile. Après La Petite Barbare, Astrid Manfredi nous conte une deuxième histoire de la violence des âmes et des corps.
"C'est ainsi que la pluie habitera tes pensées, noiera tes idéaux d'adolescent et tu seras pris d'une frénésie de poésie sous ce climat brumeux et crachotant. L'absence de fleuve rend la cité assoiffée de l'eau du ciel qui se répand avec assiduité sur vos têtes. Il n'y a rien à aimer dans cette ville à l'architecture aussi bilieuse que l'est l'âme de ses habitants. Rien à y rêver. "
Se balader au Havre, sur un air de Bashung et découvrir l'histoire d'amour impossible d'Alice et Lazlo sous la plume d'Astrid Manfredi.
" La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine ..."
Le Havre, ville sauvage à l'univers graphique, lieu idéal pour cette tragédie amoureuse contemporaine. Le Havre témoin de cette idylle perdue d'avance.
L'adolescence, l'instant précis où les destins s'entremêlent, le moment propice au coup de foudre, les rencontres électrisantes, la naissance d'amour impossible.
Puis vient l'âge adulte, Alice et Lazlo, nos deux acteurs, ont pris des chemins différents et se sont éloigné davantage l'un de l'autre, tout en restant très proche par l'ironie du sort, l'un serial Killer et l'autre flic.
"Elles sont jeunes. Elles sont belles. Elles sont blondes. Elles sont mortes. Leurs anniversaires, elles les fêteront sans bougies et n'iront plus à la patinoire en hiver. Ni s'esquinter les orteils sur les galets. Elles ne pesteront plus contre le ciel nomade du Havre interdisant le bikini à la plage...
Leurs mères les pleureront un temps. Mais des mômes,elles en auront d'autres. Alors Il faut bien accepter les coups durs et élever ceux qui restent avant de les laisser partir. Toujours trop tôt. Au cimetière, les jeunes filles reposeront sous des tombes blanches où leurs copines déposeront des roses. Certaines s'épancheront. D'autres non. "
À travers des flashbacks très cinématographiques, de courts chapitres très séquencés, avec une poésie en toile de fond et un romantisme noir, Astrid nous offre un magnifique récit sombre, aussi touchant que glaçant.
Sa plume est noire, tranchante, acérée, tout comme " La Petite Barbare "
Un style d'écriture qui n'appartient qu'à elle, où la violence bouleverse les âmes et les corps tout en poésie. Un style qui griffe, qui écorche, qui intrigue et met en lumière des destins sombres.
" C'est dans la nuit du 31 décembre que le collègue t'appelle. Les douze coups de minuit ont sonné depuis un bail Et l'ennui a plombé ta soirée. À poil sur le lit, tu reluques le cuir de tes escarpins. Tu es seule. Personne à contacter. Amère à boire ta tragédie. À te perdre dans la contemplation des breloques du lustre. Tu as prévu un stock d'oubli alcoolisé, car tu sais que cette nuit sera la plus longue de l'année. Que des constats inquiètants se feront. Alors que tu es affalée entre des draps douteux, ton lit se transforme en goélette à souvenirs. Tu actionnes les voiles pour que filent les heures. "
Havre nuit, tantôt touchant, tantôt bouleversant, tantôt effrayant mais toujours poétique, du romantisme noir de toute beauté.
" La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine."
Astrid Manfredi
Astrid Manfredi est née le 4 novembre 1970. Elle a suivi des études de littérature française à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle. Elle a créé le blog de chroniques littéraires Laisse parler les filles. Elle intervient ponctuellement pour le Huffington Post, toujours autour de la littérature. Havre nuit est son deuxième roman après La Petite Barbare, tous deux publiés aux éditions Belfond .
La Petite Barbare a reçu le prix Régine Deforges du premier roman en 2016.
Merci à Camille et aux Éditions Belfond pour cette lecture sombre et brillante.
Havre nuit est un roman miroir où les voix s'interpellent, se répondent et tricotent une réalité où le lecteur va devoir se frayer un chemin et dérouler le fil d'Ariane pour accéder à la vérité crue, celle qu'Astrid Manfredi chérit et défend tout au long du roman.
Le lecteur est parfois perdu, parfois même mené délibérément en bateau tant les repères volent en éclat sur fond d'alcool, de sexes de désirs frustrés et surtout de rendez-vous manqués. L'auteure donne à voir plusieurs réalités de ses personnages abordées par des points de vues antagonistes.
(chronique complète http://wp.me/p5TWg9-PB)
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !