"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
D’une petite fille qui rêve de paillettes à une jeune femme entre quatre murs dans une cellule miteuse, il n’y a qu’un pas, celui que « la petite barbare » a franchi, celui d’une lente descente aux enfers, couplée à une ascension ultra rapide vers la violence tant physique que morale. Un roman qui se lit vite et qui nous donne l’impression de prendre un uppercut en pleine face…
Au début, le texte m’a fait penser à un bon rap, musclé et rythmé. Mais après quelques pages, ça sonne faux, pour plusieurs raisons : l’auteure tente de nous faire croire qu’elle maîtrise le langage de la banlieue et la vie dans un quartier défavorisé, à mon goût c’est trop, beaucoup trop… La magie a disparu ! Sûrement aussi en partie à cause de la relation sordide entre le directeur de prison et la petite barbare – qui n’en est pas à son coup d’essai puisqu’elle a également manipulé un gardien. Cela donne une vision noire, négative et au final un peu outrée du monde carcéral – pour ceux qui connaissent on en vient à penser que l’on est probablement dans la série Orange is a new black -.
Alors pourquoi parler d’un uppercut en pleine face ? Parce que forcément on se sent mal à l’aise face à tant de violence, d’irrespect de sa personne – la petite barbare, dès ses treize ans accepte de monnayer son corps et ses faveurs, et revendique d’y trouver son compte – et de négation de la vie d’autrui. Forcément, on fait le parallèle entre ce livre et l’affaire du gang des barbares qui a eu lieu en 2006…
Mais je trouve ce livre trop réducteur : la banlieue serait donc uniquement un lieu où règne la barbarie ?
Un roman saisissant : "La petite barbare" d'Astrid Manfredi chez Belfond.
Le pitch: Alors qu'elle attend sa fin de peine, une jeune détenue, surnommée la "Petite Barbare", revient sur le parcours chaotique de sa vie qui l'a fait atterrir en prison, avec un père chômeur branleur, une mère abîmée par la vie qui sombrera dans l'alcool, dans une cité où règne la pauvreté et la violence, avec un "ami" qui l'incitera à abuser de ses charmes pour dépouiller de riches naïfs, jusqu'au jour où elle franchira la ligne en laissant une des proies être torturée et assassinée sans réagir...
Repérée au moment de la rentrée littéraire dans l'émission La Grande Librairie, j'ai fini par me plonger dans ce roman brutal et stupéfiant.
L'auteur nous y présente de manière crue une jeune fille paumée, pleine de rêves et d'espoirs de vie meilleure, en quête de rédemption même si elle n'ose se l'avouer, pervertie par la société qui n'a su l'intégrer. Ce récit ne peut que nous faire penser à "l'appât" du Gang des Barbares, ce qui m'a empêchée toute empathie envers cette jeune fille sans repères. Pour autant l'auteur sait subtilement malmener son lecteur, contraint et forcé de regarder ce qui dérange. L'écriture est brute, violente, mais belle et rend ce récit poignant au travers de cette personnalité si complexe.
En bref, un roman dur, qui laisse à réfléchir.
"C'est ainsi que la pluie habitera tes pensées, noiera tes idéaux d'adolescent et tu seras pris d'une frénésie de poésie sous ce climat brumeux et crachotant. L'absence de fleuve rend la cité assoiffée de l'eau du ciel qui se répand avec assiduité sur vos têtes. Il n'y a rien à aimer dans cette ville à l'architecture aussi bilieuse que l'est l'âme de ses habitants. Rien à y rêver. "
Se balader au Havre, sur un air de Bashung et découvrir l'histoire d'amour impossible d'Alice et Lazlo sous la plume d'Astrid Manfredi.
" La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine ..."
Le Havre, ville sauvage à l'univers graphique, lieu idéal pour cette tragédie amoureuse contemporaine. Le Havre témoin de cette idylle perdue d'avance.
L'adolescence, l'instant précis où les destins s'entremêlent, le moment propice au coup de foudre, les rencontres électrisantes, la naissance d'amour impossible.
Puis vient l'âge adulte, Alice et Lazlo, nos deux acteurs, ont pris des chemins différents et se sont éloigné davantage l'un de l'autre, tout en restant très proche par l'ironie du sort, l'un serial Killer et l'autre flic.
"Elles sont jeunes. Elles sont belles. Elles sont blondes. Elles sont mortes. Leurs anniversaires, elles les fêteront sans bougies et n'iront plus à la patinoire en hiver. Ni s'esquinter les orteils sur les galets. Elles ne pesteront plus contre le ciel nomade du Havre interdisant le bikini à la plage...
Leurs mères les pleureront un temps. Mais des mômes,elles en auront d'autres. Alors Il faut bien accepter les coups durs et élever ceux qui restent avant de les laisser partir. Toujours trop tôt. Au cimetière, les jeunes filles reposeront sous des tombes blanches où leurs copines déposeront des roses. Certaines s'épancheront. D'autres non. "
À travers des flashbacks très cinématographiques, de courts chapitres très séquencés, avec une poésie en toile de fond et un romantisme noir, Astrid nous offre un magnifique récit sombre, aussi touchant que glaçant.
Sa plume est noire, tranchante, acérée, tout comme " La Petite Barbare "
Un style d'écriture qui n'appartient qu'à elle, où la violence bouleverse les âmes et les corps tout en poésie. Un style qui griffe, qui écorche, qui intrigue et met en lumière des destins sombres.
" C'est dans la nuit du 31 décembre que le collègue t'appelle. Les douze coups de minuit ont sonné depuis un bail Et l'ennui a plombé ta soirée. À poil sur le lit, tu reluques le cuir de tes escarpins. Tu es seule. Personne à contacter. Amère à boire ta tragédie. À te perdre dans la contemplation des breloques du lustre. Tu as prévu un stock d'oubli alcoolisé, car tu sais que cette nuit sera la plus longue de l'année. Que des constats inquiètants se feront. Alors que tu es affalée entre des draps douteux, ton lit se transforme en goélette à souvenirs. Tu actionnes les voiles pour que filent les heures. "
Havre nuit, tantôt touchant, tantôt bouleversant, tantôt effrayant mais toujours poétique, du romantisme noir de toute beauté.
" La nuit je mens, je prends des trains à travers la plaine."
Astrid Manfredi
Astrid Manfredi est née le 4 novembre 1970. Elle a suivi des études de littérature française à l’Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle. Elle a créé le blog de chroniques littéraires Laisse parler les filles. Elle intervient ponctuellement pour le Huffington Post, toujours autour de la littérature. Havre nuit est son deuxième roman après La Petite Barbare, tous deux publiés aux éditions Belfond .
La Petite Barbare a reçu le prix Régine Deforges du premier roman en 2016.
Merci à Camille et aux Éditions Belfond pour cette lecture sombre et brillante.
Pour faire découvrir la poésie et la littérature de Duras aux plus jeunes! pour rester sérieuse, je m'attendais à mieux(F.Busnel disait que c’était LA révélation 2015 de la rentrée littéraire...ben ça m'a déçue!)
C'est court, percutant dans le style, on entre facilement dans l'histoire que raconte la narratrice; la petite barbare raconte tout: son enfance,ses parents,ses sorties(escroqueries,genre,prostitution...) la prison,son manuscrit et le jour de sortie.
Il se lit vite mais j'ai trouvé ça peu profond, j'ai eu l'impression que c’était un roman de journaliste qui a voulu s’égarer en s’inspirant de faits divers du XXI siècle(le gang des barbares, l'affaire Halimi, les cités sous tension, nabilla...) mais pas très réussi.
Bref j'ai trouvé ce livre sans plus(on me l'avait peut être sur-vendu!)
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !