"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce livre est parti d'un constat : la prison est, pour une part, devenue un asile psychiatrique. Selon une étude co mmanditée par les ministères de la Santé et de la Justice, il semble qu'un prisonnier sur 5 soit psychotique. Le livre est issu d'un long reportage, d'une plongée de l'auteur dans le service médicopsychologique régional (smpr) de la prison de Fresnes, de novembre 2005 à avril 2006, où elle a été introduite et guidée par Christiane de Beaurepaire, chef du service. Se succèdent des histoires singulières, en tableaux brefs où l'on voit, où l'on écoute des psychiatres, des infirmiers,
des surveillants et beaucoup de détenus. Chaque histoire soulève une question, dévoile une réalité : le mitard, où les fous échouent, de plus en plus nombreux ; le tour de France des prisons, qui se refilent les malades comme des « patates chaudes » ; le problème des experts, qui jugent les fous
responsables et punissables ; l'angoisse des suicides, permanente ; la désaffection des psychiatres hospitaliers, qui ne veulent plus de ces malades trop malades ; l'équation folie = dangerosité, fausse, mais pourtant crédible le tout, on s'en doute, sur fond de terrible misère sociale. A travers ces histoires, par les faits et les hommes, on découvre que la présence des fous en prison est une question éthique qui nous concerne tous. Recréer au 21e siècle l'hôpital général du 17e indique un recul phénoménal des valeurs d'une société. La prison est désormais le lieu où échouent les pauvres, les fous, avec les voleurs de poule et les criminels, sans distinction. Que penser d'une société qui réserve un tel sort à ceux qu'elle ne sait pas absorber ? Si on juge de l'état d'une civilisation à sa façon de traiter ses faibles, ses marginaux, alors la nôtre va mal... L'ouvrage se termine sur un chapitre de synthèse qui rappelle ce qui a permis de sortir les fous de la prison après la révolution française pour les y enfermer à nouveau deux siècles plus tard. L'auteur tente d'expliciter les raisons de ce recul, et de cette criminalisation sous-jacente de la maladie mentale.
Noir c’est noir, tel est le pitoyable constat qu’est amené à tirer Catherine Herszberg après avoir enquêté pendant plus de quatre mois à la prison de Fresnes.
La conclusion qu’elle ne peut s’empêcher de rédiger est, que la prison, notamment en France, s’est transformée en un véritable hôpital psychiatrique. Presque un quart de la population carcérale souffrirait de troubles mentaux !
Tout au long de ses 185 pages, elle nous bringuebale dans ces murs qui transpirent la misère affective, morale et intellectuelle. C’est déprimant au possible mais combien réel et facile à occulter puisque tout semble parfaitement dissimulé derrière d’innombrables grilles et de solides barreaux.
En se penchant sur le sujet, cette journaliste tire une sonnette d’alarme mais n’apporte guère de solutions à ce préoccupant problème que pose l’aliénation galopante des détenus. Si le thème traité apparaît clairement au lecteur, il n’en va pas toujours de même avec les termes et sigles employés par l’auteur malgré les renvois faits au glossaire en fin de livre. Le décryptage de ces multiples abréviations rend la narration fastidieuse à suivre pour un non-spécialiste de la question carcérale.
Hormis cet obstacle formel, le sujet traité par madame Herszberg ne fait pas que nous interpeller brutalement, il nous demande implicitement aussi de réagir afin d’éviter une catastrophe prévisible à plus ou moins courte échéance.
Cependant, je le rappelle, ce qu’elle oublie de proposer, ce sont des pistes de remédiation permettant d’endiguer ce mal insidieux mais néanmoins patent.
Ainsi s’il s’avère aisé de faire des constats, il est beaucoup plus laborieux de proposer des solutions pour trouver une issue à ce déplorable état que présentent les prisonniers enfermés actuellement dans nos prisons. La démarche engagée par cette journaliste est estimable mais trop timide encore pour rencontrer une efficacité concrète sur le terrain.
Espérons que ce cri n’aura pas été poussé en vain et qu’il résonnera bientôt dans les oreilles de ceux qui élaborent nos lois et assurent la perpétuation de notre société !
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