En démissionnant, Benoît XVI a désacralisé la fonction pontificale et fait entrer le gouvernement de l'Église dans le XXIe siècle. Depuis son élection, François assume et prolonge avec assurance et audace ce changement d'époque, s'affirmant comme l'homme du renouvellement de l'Église. Il n'est certes pas celui d'une réforme doctrinale. En revanche, il prépare un renversement copernicien : au sein de l'Église d'une part, en cherchant à rationaliser la Curie atteinte par divers scandales et cernée par des lobbies, à freiner le vaticano-centrisme ou à relativiser le pouvoir pontifical au profit de plus de collégialité et dans les relations de l'Église au monde d'autre part, en abandonnant une position défensive pour une diplomatie globale, portée par une conception évangélique de la justice sociale. Le fait qu'il soit le premier pape jésuite, attaché par là à la concertation, et le premier non Européen, venu d'une Église qui puise ses racines dans la proximité avec la pauvreté, n'est pas étranger aux réformes de gouvernement qui s'annoncent. Il faut aussi être attentif à son style, nouveau au Saint-Siège : attention portée à une façon d'être chrétien plus qu'à la doctrine, refus de l'ingérence morale, et défense d'une Église pour les pauvres, dont lui-même est exemplaire. Un livre d'autant plus éclairant sur l'Église en cours et à venir qu'il s'appuie sur d'essentiels rappels historiques.
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