"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Hermagoras de Temnos est aujourd'hui devenu pour les historiens une figure majeure dans l'histoire de la rhétorique grecque . Probablement actif aux alentours du IIe s. av. J.-C., il passe pour l'inventeur de la doctrine des « états de cause » (???????, lat. constitutio/status), qui consiste pour l'orateur à formuler la question à partir de laquelle il pourra prendre deux positions contraires, puis à déterminer l'argumentation qu'il faudra suivre dans chaque cas. Algorithme universel, ces « états de cause » permettent à la fois d'analyser toutes les situations de persuasion, de suivre un seul et unique arbre de choix et de fournir des arguments pro et contra dans toutes les situations.
On ne connaît aujourd'hui le contenu de la doctrine d'Hermagoras et la terminologie qui lui est associée que par l'intermédiaire de témoignages indirects : aucun fragment authentique n'a été conservé. Toutes les éditions antérieures d'Hermagoras (celles de Carl Piderit en 1839, Georg Thiele en 1893 et Dieter Matthes en 1962 chez Teubner) ont été guidées par le désir de reconstruire son traité jusque dans ses ultimes subdivisions, retrouver l'unité phantasmatique d'une oeuvre à partir de fragments qui pourtant ne sont, dans leur très grande majorité, que des témoignages indirects dépendant de multiples sources intermédiaires, confondant parfois Hermagoras de Temnos avec deux autres de ses homonymes (Hermagoras de Temnos, disciple de Théodore et Hermagoras le Jeune), et la plupart du temps mêlés de critiques et de comptes rendus souvent loin d'être infaillibles. Certaines attributions n'étaient pas suffisamment fondées et semblaient être le fruit d'un parti pris arbitraire plutôt que d'un choix scientifiquement établi.
La présente édition se propose de reprendre le dossier en adoptant des principes plus sévères, plus cohérents et plus adaptés à la tradition de ce rhéteur : le matériau disponible n'est pas assez consistant pour une reconstitution véritable de la doctrine d'Hermagoras, d'autant que sous ce nom se sont stratifiées ou amalgamées les oeuvres de trois rhéteurs d'époques différentes. En réalité, le nombre de fragments véritables est très réduit et la majeure partie du matériau relève plutôt des témoignages, plus ou moins directs, plus ou moins informés ou déformés. Cette mauvaise qualité d'ensemble de la tradition interdit de privilégier la reconstitution et requiert un renouvellement des méthodes à suivre, impliquant une démarche beaucoup plus circonspecte dans la lignée de travaux récents, comme ceux de Malcolm Heath (University of Leeds) :
- La sélection des fragments obéit à un critère rigoureux, puisque seuls les témoignages portant le nom d'Hermagoras (ou de ses disciples, les Hermagoréens) ont été conservés. Contrairement à l'édition Matthes, on ne trouvera ici aucune section consacrée aux passages parallèles et aux réminiscences : en raison de la nature du matériau dont on dispose (des témoignages, non des citations explicites), il est en effet impossible d'identifier de tels parallèles et réminiscences selon des critères précis, et la tentation serait alors grande d'intégrer d'autres textes évoquant les mêmes questions que celles qui ont été traitées par Hermagoras.
- Les témoignages ont été découpés sans inclure le cotexte. Cette option permet d'établir plus aisément des comparaisons textuelles entre certains fragments et témoignages. Quand les éditions disponibles étaient trop anciennes, les témoignages ont été vérifiés sur les manuscrits.
- Les fragments et témoignages sont divisés en trois séries correspondant aux trois Hermagoras (Hermagoras de Temnos, Hermagoras, disciple de Théodore et Hermagoras le Jeune). À l'intérieur de chacune de ces sections, le matériau est organisé de façon thématique : les informations bio-bibliographiques, puis la doctrine (définition de la rhétorique et division de sa matière, définition des états de cause, définitions et divisions des causes légales, des causes rationnelles, et de leurs espèces, puis divers points de doctrine plus spécifiques). Les témoignages (T 1, T 2, T 3.) et les fragments (F 1, F 2, F 3.) suivent une numérotation séparée, continue et distincte pour chaque auteur. Dans les cas où l'attribution d'un fragment ou d'un témoignage s'est avérée problématique (en raison notamment de l'origine obscure et de la datation problématique de certains textes sources, mais aussi de la nature des passages retenus qui sont dans leur très grande majorité non des citations directes mais des témoignages sujets à caution), c'est l'attribution la plus vraisemblable qui a été conservée, et la discussion présentée dans le commentaire mentionne les autres solutions envisageables. Les témoignages dont l'attribution s'est révélée indécidable et pour lesquels il faut accepter l'existence de doute, d'incertitude ou de complète ignorance ont été rassemblés dans la dernière section : IV. Incerta.
- Chaque témoignage est suivi d'un commentaire de longueur variable qui, venant se substituer au contexte conservé dans l'édition de Matthes, situe le passage, identifie la visée générale, le genre du texte et ses présupposés, évalue son degré de fiabilité, présente les stratégies auctoriales qui sont à l'oeuvre et met ainsi en perspective l'information qu'il renferme.
- Un lexique final réunit les principaux termes techniques grecs et latins, propose les équivalences non seulement entre les lexèmes grecs et latins, mais aussi entre les lexèmes d'une même langue.
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