La Ligue du LOL est le nom du groupe Facebook via lequel des journalistes et des acteurs du monde de la communication - des hommes en majorité - ont mené des campagnes de cyberharcèlement à l'encontre de femmes : journalistes, blogueuses, militantes féministes et de quelques hommes. En 2019, l'affaire est dénoncée par Checknews, le service de vérification des faits du journal Libération. Iris Gaudin a été l'une des victimes des créateurs de la Ligue du LOL en 2010.
Pour la jeune femme qui avait depuis longtemps cherché à tourner la page, le cauchemar refait surface. À travers son témoignage, elle décrit les mécanismes des réseaux sociaux où les harceleurs, sous couvert d'anonymat, attaquent facilement leurs cibles. Au-delà de son histoire personnelle, la victime reprend sa plume de journaliste, et dénonce un système qui prend racine au sein même des écoles de journalisme, où l'on apprend à polémiquer, à rabaisser son interlocuteur pour « faire le buzz » au mépris des règles déontologiques du métier.
Quand l'affaire paraît au grand jour, plusieurs « loleurs » sont licénciés; mais ce petit monde reste une bulle difficile à faire éclater.
Par sa voix forte et son courage, Iris Gaudin rejoint le choeur des femmes qui refusent de se taire.
Je pensais avoir affaire à un essai sur le harcèlement dans les médias et non c'est un témoignage qui tente une analyse soit mais ça reste un témoignage et ça ne correspond pas à ce que je recherchais. Les témoignages sont et resteront primordiaux mais les analyses scientifiques plus distanciés me paraissent importantes pour aborder une situation de manière globale et ils sont de moins en moins fréquents. Passé ce constat, face à la ligue du lol est un témoignage très intéressant à suivre et qui montre une volonté d'objectivité. La première partie est centrée sur l'histoire d'Iris Gaudin, son arrivée dans le journalisme, sa découverte du milieu et de twitter, son cyberharcèlement, sa destruction et sa reconstruction… C'est poignant, édifiant et puissant. Ces sentiments sont renforcés par le fait qu'à aucun moment l'autrice ne se victimise, elle dépeint les choses en incluant ses erreurs. le spirale dans laquelle elle s'engouffre, le sentiment d'être seule pour s'en sortir, ne pas trouver de solution, toute la mécanique qui fait prendre de l'ampleur au phénomène est très bien décrite. L'écriture est agréable à suivre même si certaines descriptions comme celle d'un bar n'ont pas d'utilité. La seconde partie tend vers une analyse, est sourcée et contient des éléments qui mériterait d'être développer. Dans celle-ci on se rapproche de l'essai et on voit la volonté de recul de l'autrice mais c'est plus une succession d'idées pertinentes qu'une étude structurée. Il y a beaucoup de pistes de compréhension du phénomène et de réflexions plus larges dans cette partie. Il sera possible de développer par soi-même chaque grâce aux références bibliographiques présentes à la fin de l'ouvrage. A mi chemin entre témoignage et essai, ce livre est un bon point d'entrer sur le sujet.
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