"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
De Yasujiro Ozu et d'Andreï Tarkovski tout dissemble. D'un côté, l'ordinaire des jours ordinaires, le quotidien en sa prégnance et son ressassement dans un Japon qui, d'empire exotique et autoritaire, sera devenu un démocratique pays d'Occident. De l'autre, une Russie rêvée, désirée, vécue, subie, mais nécessaire à être, où ce qui paraît cache et dérobe ce qui est, les hommes, la vie, la mort, l'apocalypse et l'espérance. Chez Ozu, en somme, une incessante et nécessaire épiphanie du quotidien. Chez Tarkovski, la vérité des choses derrière les choses, la vérité en sa mémoire, en sa souffrance, la nostalgie de la terre-mère et l'infinie perte de soi dans un monde devenant sans nécessité. Il m'a semblé, les étudiant, ainsi les (r)approchant, que chacun, à sa manière, à sa mesure, à son écriture, à son " style ", mettait en espace, en lumière, en corps, en image ce qu'il y a (encore) d'humain dans l'homme, dans ses forces, dans ses faiblesses, dans ses souffrances et ses espoirs, au coeur d'un siècle qui, s'il inventa l'art du cinématographe, fut le plus effroyable de toute l'histoire de l'humanité, si ce mot a encore un sens. Ozu, Tarkovski, chacun cherche à instruire, au coeur même de son oeuvre, l'épaisseur, le poids et la vérité d'être humain. Le premier tome d'Être humain, paru en 2009, était consacré à Carl Th Dreyer et Ingmar Bergman.
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